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J. J. Rousseau.

Wie alles, was aus der Feder dieses edeln Bürgers von Genf kam, der von 1727 bis 1778 lebte, das Gepråge seltener Geistesstärke und eines trefflichen, eindruckvollen Vortrages hat, so ist dieß auch der Charakter seiner Briefe, deren es in der Sammlung seiner Werke und ihren Supplementbånden eine nicht unbeträchtliche Anzahl giebt. Manche darunter sind von ziem lich großem Umfange, mehr Abhandlungen als Briefe, und has ben Philosophie, besonders Moral und Politik zu Gegenstånden; andre betreffen Rousseau's persönliche Lage und Angelegenheis ten, und sind nicht weniger intereffant durch ihre sehr charaktes ristische Darstellung eines von allen Seiten so merkwürdigen, und von mehr als Einer Seite fo liebenswürdigen Mannes. Bei der Auswahl folgender Probe gieng, wie man leicht erräth, meine Absicht weiter, als ein Mußter schöner Schreibart mehr aufzustellen.

AU PRINCE LOUIS DE WIRTEMBERG.

Motiers le 10. Nov. 1763.

Si j'avois le malheur d'ètre né Prince, d'être enchâiné

par les convenances de mon état; que je fuffe contraint d'avoir un train, une fuite, des domeftiques, c'est-àdire, des maîtres; et que pourtant j'eusse une ame assez élevée pour vouloir être homme malgré mon rang, pour vouloir remplir les grands devoirs de pere, dẹ mari, de citoyen de la république humaine, je sentirois bientôt les difficultés de concilier tout cela, celle fur-tout d'élever mes enfans pour l'état, où les plaça la nature, en dépit de celui qu'ils ont parmi leurs égaux.

Beisp.Samml. 8.Bd. 1.Abth.

Je

Je commencerois donc par me dire: il ne faut pas vouloir des chofes contradictoires; il ne faut pas vouloir être et n'ètre pas. La difficulté que je veux vaincre eft inhérente à la chose; fi l'état de la chose ne peut changer, il faut que la difficulté reste. Je dois fentir que je n'obtiendrai pas tout ce que je veux: mais n'importe, ne nous décourageons point. De tout ce qui est bien, je ferai tout ce qui est possible, mon zèle et ma vertu m'en répondent: une partie de la sagesse eft de porter le joug de la néceffité: quand le fåge fait le refte, il a tout fait. Voilà ce que je me dirois, fi j'étois Prince. Après cela, j'irois en avant fans me rebuter, fans rien craindre; et quel que fût mon fuccès, ayant fait ainsi, je ferois content de moi. Je ne crois pas que j'eusse tort de l'ètre.

Il faut, Monfieur le Duc, commencer par vous bien mettre dans l'esprit, qu'il n'y a point d'oeil paternel celui d'un que ni d'oeil maternel que cepere, lui d'une mere. Je voudrois employer vingt rames de papier à vous repéter ces deux lignes, tant je fuis convaincu que tout en depend.

Vous êtes Prince, rarement pourrez - vous être pere, vous aurez trop d'autres soins à remplir: il faudra donc que d'autres rempliffent les vôtres. Madame la Ducheffe fera dans la même cas à-peu-près.

De-là fuit cette premiere regle. Faites enforte que votre enfant foit cher à quelqu'un.

Il convient que ce quelqu'un foit de fon fexe. L'âge eft très difficile à déterminer, Par d'importantes raifons, il la faudrait jeune. Mais une jeune personne a bien d'autres foins en tête que de veiller jour et nuit fur un enfant. Ceci eft inconvénient inévitable et déterminant.

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Ne la prenez donc pas jeune, ni belle par conféquent, car ce feroit encore pis. Jeune, c'eft elle que vous aurez à craindre; belle c'est tout ce qui l'approchera.

Il vaut mieux qu'elle foit veuve que fille. Mais fi elle a des enfans, qu'aucun d'eux ne foit autour d'elle, et que tous dépendent de vous.

moins de bel- esprit.

Point de femmes à grands fentimens, encore Qu'elle ait affez d'esprit pour vous bien entendre, non pour rafiner sur vos inItructions.

Il importe qu'elle ne foit pas trop facile à vivre, et il n'importe pas qu'elle foit libérale. Au contraire, il la faut rangée, aitentive à ses intérêts. Il elt impossible de foumettre un prodigue à la regle; on tient les avares par leur propre défaut.

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Point d'étourdie ni d'évaporée; outre le mal de la chofe, il y a encore celui de l'humeur, car toutes les folles en ont, et rien n'eft plus à craindre que P'humeur; par la mème railon, les gens vifs, quoique plus aimables, me font fuspects, à cause de l'empor tement. Comine nous ne trouverons pas une femme parfaite, il ne faut pas tout exiger: ici la douceur est' de précepte; mais pourvu que la raison la donne, elle peut n'être que dans le tempérament. Je l'aime auffi aussi mieux egale et froide, qu'accueillante et capricieuse. En toutes chofes, preférez un caractere fùr à un caractere brillant. Cette derniere qualité est mème un inconvénient ponr nôtre objet; une perfonne faite pour être au deffus des autres, peut-être gatée par le mérite de ceux qui l'élevent. Elle en exige en fuite autant de tout le monde, et cela la rend injufte avec les in férieurs,

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Du reste, ne cherchez dans fon esprit aucune culture; il fe farde en étudiant, et c'est tout. Elle fe déguifera fi elle fait; vous la connoîtrez bien mieux, fi elle eft ignorante: dût-elle ne pas favoir lire, tant mieux, elle aprendra avec son éleve. La feule qualité d'esprit qu'il faut exiger, c'est un sens droit.

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Je ne parle point ici des qualités du coeur ni des moeurs, qui fe fuppofent; parce qu'on fe contrefait la-deffus. On n'est pas fi en garde fur le reste du caractere, et c'est par- la que de bons yeux jugent du tout, Tout ceci demanderoit peut-être de plus grands détails; mais ce n'est pas maintenant de quoi il s'agit.

Je dis, et c'eft ma premiere regle, qu'il faut que l'enfant foit cher à cette personne - là. Mais comment faire?

Vous ne lui ferez point aimer l'enfant en lui difant de l'aimer; et avant que l'habitude ait fait naî tre l'attachement, on s'amufe quelquefois avec les autres enfans, mais on n'aime que les fiens.

Elle pourroit l'aimer, fi elle aimoit le pere ou la mere. Mais dans vôtre rang, on n'a point d'amis; et jamais, dans quelque rang que ce puiffe être, on n'a pour amis les gens qui dépendent de nous.

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Or, l'affection qui ne naît pas du fentiment, d'où peut-elle naître, fi ce n'eft de l'intérêt?

Ici vient une reflexion que le concours de mille autres confirme, c'eft que les difficultés que vous ne pouvez ôter de votre condition, vous ne les eluderez qu'à force de dépenses.

Mais n'allez pas croire, comme les autres, que l'argent fait tout, pour lui même, et que, pourvu qu'on paye, on eft fervi. Ce n'est pas cela.

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Je ne connois rien de fi difficile quand on eft riche, que de faire ufage de fa richeffe pour aller à fes fins. L'argent est un reffort dans la mécanique morale; mais il repouffe toujours la main qui le fait agir. Failons quelques obfervations néceffaires pour notre objet.

Nous voulons que l'enfant foit cher à fa gouvernante. Il faut pour cela que le fort de la gouvernante foit lié à celui de l'enfant. Il ne faut pas qu'elle dépende feulement des foins qu'elle lui rendra, tant parce qu'on n'aime gueres les gens qu'on fert, que parce que les foins payés, ne font qu'apparens, les foins réels se négligent; et nous cherchons ici des foins réels.

Il faut qu'elle dépende non de fes foins, mais de leur fuccès, et que la fortune foit attachée à l'effet de l'education, qu'elle aura donnée. Alors feulement elle se verra dans fon Eleve et s'affectionnera nécessairement à elle; elle ne lui rendra pas un service de parade et de montre, mais un fervice réel; ou plutôt en la fervant, elle ne fervira qu'elle-même; elle ne travaillera que pour foi.

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Mais qui fera juge de. ce fuccès? La foi d'un pere équitable, et dont la probité eft bien établie, doit fuffire; la probité est un instrument fùr dans les affaires, pourvu qu'il foit joint au discernement. ..

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Le pere peut mourir, Le jugement des femmes n'eft pas reconnu affez fûr, et l'amour maternel eft aveugle. Si la mere étoit établie juge au défaut du pere, ou la gouvernante ne s'y fieroit pas ou elle s'occuperoit plus à plaire à la mere qu'à bien élever l'enfant.

Je ne m'étendrai pas fur le choix des juges de l'education. Il faudroit pour cela des connoiffances particulieres relatives aux personnes. Ce qui importe

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