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ils fe dechirent naturellement; tous leurs talens leur font ombrage, ils craignent que les leurs n'en foient obscurcis; mais leurs guerres continuelles, en les rendent méprisables aux yeux des gens fenfés, fervent au moins de contre- poifon à leur doctrine.

d'Alembert.

Jean le Rond d'Alembert, beståudiger Sekretår der frans adfifchen Akademie, und Mitglied der Akademie der Wissenschaft ten, geb. zu Paris 1717, geft. dafelbft 1788. Er war mit Diderot der vornehmste Herausgeber des Dictionaire Encyclopedique, und hat sich ausserdem durch seine aus fünf Bånden bestehende Melanges de Literature, d' Histoire et de Philofophie, am meisten berühmt gemacht. Unftreitig besaß er großen Scharfsinn, und ein ausges zeichnetes Talent zur Untersuchung und tiefsinnigen Erörterung metaphysischer `und mathematischer Wahrheiten, verbunden mit der Gabe eines blühenden und interessanten Vortrages, obgleich fein Hang zur Paradoxie, und seine Eingenommenheit wider manche zur Beruhigung des Forschers richtige Wahrheiten Überall hervorscheint. Auch leiden feine gewiß zu ftrengen and oft einseis tigen Grundsätze über Poesie und Beredsamkeit manche Einschräns kung und nåhere Bestimmung. Seine Uebersegungen einiger Stels len des Tacitus werden, ungeachtet des Mangels an Genauigkeit und Treue, immer doch ihren eigenthümlichen Werth behaupten. In jener vermischten Sammlung ist besonders der Essai fur les Gens de Lettres ein Muster von feiner und scharffinniger Erörtes rung, von freier und edler Denkungsart, und von anzichendem philosophischen Vortrage. Durch gleiche Vorzüge empfiehlt sich auch der im vierten Bande befindliche Essai fur les Elémens de Philofophie, on fur les Principes des Connoiffances Humaines, wovon folgendes Stück den eilften Abschnitt ausmacht.

MORALE DU CITOYEN

La Morale du Citoyen vient immédiatement après celle des Etats. Elle fe reduit à être fidele Observateur

des

des Loix Civiles de fa Patrie, et à fe rendre le plus utile à fes concitoyens qu'il eft poffible.

Tout citoyen eft redevable à fa Patrie de trois choses; de sa vie, de fes talens et de la maniere de les employer.

Les Loix de la fociété obligent fes membres de fe conferver pour elle, et par conféquent leur défendent de disposer d'une vie qui appartient aux autres hơmmes presqu'autant qu'à eux. Voilà le principe que la Morale purement humaine nous offre contre le Suicide. On demande fi ce motif de conserver les jours aura un pouvoir fuffifant fur un malheureux accablé d'infortune, à qui la douleur et la mifere ont rendu la vie à charge? Nous repondons qu'alors ce motif doit être fortifié par d'autres plus puissans, que la Révelation y ajoute. Auffi les feuls peuples chez lesquels le fuicide ait été généralement flétri, font ceux qui ont eu le bonheur d'embraffer le Chriftianifme. Chez les autres il est indistinctement permis, ou flétri seulement dans certains cas. Les Législateurs purement humains ont pensé qu'il étoit inutile d'infliger des peines à une action dont la nature nous éloigne affez d'elle même, et que ces peines d'ailleurs étoient en purè perte, puisque le coupable eft celui à qui elles fe font fentir le moins. Ils ont regardé le suicide, tantôt comme une action de pure démence, comme une maladie qu'il feroit injuste de punir, parce qu'elle suppose l'ame du coupable dans un état, où il ne peut plus être utile à la Société; tantôt comme une action de courage, qui humainement parlant suppose une ame ferme et peu commune. Tel a été le fuicide de Caton d'Utique. Plufieurs écrivains ont très injustement accufé cette action de foiblesse; ce n'étoit pas là qu'il falloit l'attaquer. Caton, difent-ils, fût un lâche de fe donner la mort, il n'eut

pas

pas la force de furvivre à la ruine de la Patrie. Ces Ecrivains pourroient foutenir par les mèmes principes, que c'est une action de làcheté que de ne pas tourner le dos à l'enneini dans un combat, parce qu'on n'a pas le courage de fupporter l'ignominie, que cette fuite entraîne. De deux maux que Caton avoit devant les yeux, la mort on la liberté anéantie, il choisit sans doute celui qui lui parut le moindre; mais le courage ne confifte pas à choisir le plus grand de deux maux; će choix eft auffi impoffible que de defirer fon malheur. Le courage confiftoit, dans la circonftance où le trouvoit Caton, à regarder comme le moindre de deux maux qu'il avoit à choisir, celui que la plupart des hommes auroient regardé comme le plus grand. Si les lumieres de la Religion dont il étoit malheureusement privé, lui eussent fait voir des peines éternelles attachées au fuicide, il eût alors choisi de vivre, et de subir, par obeissance à l'Etre suprême, le joug de la tyrannie.

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*Mais quand une raifon purement humaine pourroit excuse en certaines circonftances le fuicide proprement dit que le Christianisme condamne, cette même raifon n'en proscrit pas moins en toute occafion le fuicide lent de foi même, qui ne peut jamais avoir ni motif ni prétexte. De ce principe refulte une vérité que la Philofophie enseigne, et que la Religion bien entendue confirme; c'est que les macérations in. difcrettes qui tendent à abréger les jours, font une faute contre la Societé, fans être un hommage à la Religion. S'il y a quelques exceptions à cette regle, la Raifon et le Christianiline nous apprennent qu'elles font très-rares. L'Etre Suprême, par des motifs que nous devons adorer fans les connoître, peut choifir parmi les êtres créés quelques victimes qui s'immolent à fon fervice, mais il ne prétend pas que tous les hommes foient fes Beifp. Samml. 8. Bd. 1. Abth. A a victi

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victimes. Il a pu se confacrer une Thebaide dans un coin de la terre; mais il feroit contre les Loix et les deffeins que l'Univers devînt une Thébaide. Ces reflexions fuffifent pour faire fentir fous quel point de vue le fuicide doit être profcrit par la Morale.

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Non feulement le citoyen eft iedevable de sa vie à la Société humaine; il est encore redevable de ses ta. lens à la Societé que le fort lui a donnée, ou qu'il s'est choifie; car dans les Gouvernemens qui ne font pas abfolument tyranniques, chaque membre de l'Etat, dès qu'il trouve la condition trop onereuse, eft libre de renonces à la Patrie pour en chercher une nouvelle. L' attachement f naturel et fi général des hommes pour leur Pays, eft fondé ou sur le bonheur qu'ils y goûtent, ou fur l'incertitude de fe trouver mieux ailleurs.. Faites connoitre aux Peuples d' Afie nos Gouvernemens modérés d'Europe, les Defpotes de l'Afie feront bientôt abandonnés de leurs fujets; faites connoitre à chaque citoyen de l'Europe le Gouvernement fous lequel il fe trouvera le plus libre et le plus heureux, eu égard à fes talens, à fes inoeurs, à fon caractere, à fa fortune; il n'y aura plus de Patrie, chacun choifira la fienne. Mais la nature a prévenu ce défordre, en faifant craindre, même à la plupart des citoyens malhe reux, de rendre par le changement leur fitnation plus fàcheufe

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Puisque tout citoyen, tant qu'il refte dans le fein de la Patrie, lui doit l'usage de fes talens, il doit les employer pour elle de la maniere la plus utile. Cette maxime peut fervir à réfoudre la question fi agitée dans ces derniers tems, jusqu'à quel point un citoyen peut fe livrer à l'étude des Sciences et des Arts, et fi cette étude n'eft pas plusnuifible qu'avantageuse aux Etats? Question qui a rapport à la Morale Législative et à celle du Citoyen, et qui peut bien mériter à ce double titre de trouver la place

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place dans les élémens de Morale. Sans prétendre ici la traiter à fond, il ne fera peut-être pas inutile d'expofer en peu de mots de quel côté la Morale doit l'envisager, et d'indiquer les moyens de la réfoudre en la décompofant.

Si on réduit l'homme aux connoiffances de néceffité abfolue, fon cours d'étude ne fera pas long. La nature lui fait connoitre ses befoins, et lui offre par fes différentes productions le moyen de les fatisfaire. Cette même nature, paisiblement écoutée, lui apprend fes devoirs rigoureux envers les autres. En voilà allez pour former une Société de Sauvages. On pourroit demander quels avantages réels un Etat policé peut avoir fur une Société pareille. Cette question se réduit à décider, fi l'éducation qui augmente tout à la fois nos connoiffances et nos befoins, nous est plus avantageufe que nuifible; s'il nous eft plus utile de multiplier nos plaifirs factices, et par conféquent de nous préparer des privations, que de nous borner aux plaisirs simples et toujours fürs que la nature nous offre. Notre but en propofant ces questions, n'est point de faire regretter a perfonne l'état de Sauvage; la veritè force feulement à dire, qu'en mettant à part la connoiffance de la Reli gion, il ne paroît pas qu'on ait rendu beaucoup plus heureux le petit nombre de Sauvages qu'on a forcé de vivre parmi les Peuples policés. Mais le même amour de la vérité oblige d'ajouter en même tems, que les regrets de ces Sauvages fur leur premier état, ne prou veroient rien pour la préférence qu'on devroit lui accorder. Ces regrets feroient feulement une fuite de l'habitude, et de l'attachement naturel des hommes à la maniere de vivre qu'ils ont contractée dès l'enfance. Il s'agit donc uniquement de favoir fi un citoyen, né et élevé parmi des peuples policés, y eft plus ou moins heureux qu'an Sauvage né et élevé parmi fes pareils.

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