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l'on ouvre son coëur à la haine? Soyons auffi ingenieux à la profcrire, qu'on l'eft pour l'ordinaire à la justifier.

Si ceux de qui nous plaignons n'ont eu à notre égard qu'une conduite appuyée für de bonnes raisons, pourquoi les haïr, puisqu'ils font tels que nous euffions crû devoir être en pareilles circonftances? Si c'est injustement qu'ils nous attaquent, ils font à plaindre de porter en eux un principe certain de regrets et de douleur. Ce font des malades, qui dans leur fiévre chaude croyent fe guérir en bleffant ce qu'ils rencontrent. Défendons-nous contre leur fureur: mais ne nous en pănissons point nous-mêmes, par des mouvemens qui portent le trouble dans notre ame."

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Outre les fentimens d'humanité qu'on doit à tous les homines, il y a des devoirs particuliers qui réfultent des circonftances où la Nature et la fortune nous ont placez. Ils fe reduisent à nous conduire envers nos fupérieurs, nos égaux, nos inférieurs, nos proches, de façon à faire defirer à tous ceux qui font dans de pareilles circonstances, qu'on ait à leur égard une pareille conduite. L'accomplissement de ces devoirs eft donc de nature à nous affurer l'eftime, l'affection et la confiance de tous ceux qui nous environnent, et à repro duire en nous, par un contre-coup heureux, des fentimens de bienveillance.

De tous les devoirs que nous imposent nos diffe

rentes liaisons, il n'en eft point qui paroiffent plus au

deffus de la nature humaine, que ceux de la parfaite amitié. Elle nous ordonne de renoncer en faveur de notre ami à nos intérêts les plus chers, et nous le fait envisager comme la portion de nous mêmes la plus précieuse. Il n'eft point de fource plus féconde de fen

timens agréables que l' accomplissement de ces devoirs qui paroiffent fi austeres; et sentir qu'on en est capable, eft déjà un plaifir bien délicat.

Il y a eu des Ecrivains célébres, qui ont foutenu que, dans le commerce de l'amitié, il y avoit plus à perdre qu'à gagner; et que c'étoit une extension de nous-mêmes, qui nous exposoit à la misére, nonseulemeut en notre propre perfonne, mais aussi en celle d'autrui.

Il me femble que penser ainsi, c'est ignorer la puissance de l'amour. Telle en est la vertu magique; par l'intérêt que prennent de parfaits amis à ce qui les touche, leurs biens se multiplient, leurs maux semblent s'anéantir, et jusques dans leur tristesse mutuelle regne une forte de douceur, qu'ils n'échangeroient pas contre les plaifirs les plus vifs.

Beifp.Samml. 8.Bd. 1. Abth.

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J. J.

J. J. Rousseau.

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S. oben, E. 97. Seine größen Vorzüge als männlicher und gedankenreicher Schriftsteller und zu einleuchtend und aners kannt, als daß sie hier einer Auseinandersezung bedürfen. Die Wärme und Kraft, die ihm daun eigen ist, wenn er beschreibt, schildert, oder Empfindungen ausdrückt, belebt auch, wenn gleich im gehörig måßigern Grade, seinen unterrichtenden Vortrag, worin er so manche mußterhafie Werke geliefert hat. Auch dann hat seine Schreibart blühenden Reichthum, Fülle und hinreiffeude Ueberredung. Gern übersicht man ihm das Uebertriebne und Pas radoxe, welches manchen seiner Abhandlungen, oder doch einzels nen Theilen seiner dogmatischen Schriften eigen ist, wenn man auf das viele Eigenthümliche in Rousseau's Charakter, und auf den unvermeidlichen Einfluß desselben auf seine Denkart und Schreibart Rücksicht uimmt. Daher deun auch der fast allen seis nen Schriften eigne problematische Anßrich, Daher so viele Des klamationen wider das gesellige Leben, so viele Aufwallungen heiffen Gefühls für Menschheit und Menschenrecht; so manche bittre Ausfälle, wider die Philosophen, und selbst wider die Relis gion. Hier mögen seine Gedanken über die Monarchie, aus seis nen politischen Schriften ausgehoben, zur Probe genug, fehu.

DE LA MONARCHIE.

Jusqu'ici nous avons confideré le Prince comine une perfonne morale et collective, unie par la force des loix et dépositaire dans l'état de la puiffance exécutive. Nous avons maintenant à confidérer cette puillance réunie entre les mains d'une perfonne naturelle, d'un homme réel, qui feul ait droit d'en difpofer felon les loix. C'est ce qu'on appelle un Monarque ou un Roi,

Tout au contraire des autres administrations, où un être collectif représente un individu, dans celle-ci un individu représente un être collectif; en forte que P'unité morale qui conftitue le Prince, eft en mème

temps

temps une unité phyfique, dans laquelle toutes les fa-. cultés que la loi réunit dans l'autre avec tant d'effort, Je trouvent naturellement réunies.

Ainfi la volonté du peuple, et la volonté du Prince, et la force publique de l'Etat, et la force particuliere du Gouvernement, tout répond au même mobile, tous les refforts de la machine font dans la même main, tout marche au même but; il n'y a point de mouvemens oppofés qui s'entre- détruifent, et l'on ne peut imaginer aucune forte de conftitution dans laquelle un inoindre effort produise une action plus confidérable. Archimede affis tranquillement fur le rivage et tirant fans peine à flot un grand vaisseau, me représente un Monarque habile gouvernant de fon cabinet fes vaftes Etats et faisant tout mouvoir en paroissant immobile.

Mais s'il n'y a point de gouvernement qui ait plus de vigueur, il n'y en a point où la volonté parti-. culiere ait plus d'empire et domine plus aifément les autres: tout inarche au même but, il est vrai; mais ce but n'eft point celui de la félicité publique, et la force même de l'administration tourne fans celle au préjudice de l'Etat.

Les Rois veulent être abfolus, et de loin on leur crie que le meilleur moyen de l'ètre eft de se faire aimer de leurs peuples. Cette maxime eft très belle, et même très vraie à certains égards. Malheureusement on s'en moquera toujours dans les cours. La puillance qui vient de l'amour des peuples eft fans doute la plus grande; mais elle eft précaire et conditionelle, jamais les Princes ne s'en contenteront. Les meilleurs Rois veulent pouvoir être méchans s'il leur plait, fans ceffer d'ètre les maitres, un fermoneur politique aura beau leur dire que la force du peuple étant la leur, leur theplus

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plus grand intérêt eft que le peuple foit floriffant, nombreux, redoutable; ils favent très bien que cela n'est pas vrai. Leur intérêt personnel eft premierement que le peuple foit foible, miferable, et qu'il ne puisse ja mais leur réfifter. J'avoue que, fuppofant les fujets toujours parfaitement foumis, l'intérêt du Prince feroit alors que le peuple fût puiflant, afin que cette puiffance étant la fienne, le rendit redoutable à les voisins; mais comme cet intérêt n'est que fécondaire et fubor. donné, et que les difpofitions font incompatibles, il est naturel que les Princes donnent toujours la préférence à la maxime qui leur eft le plus immédiatement utile. C'est ce que Samuel repréfentoit forteinent aux Hebreux; c'est ce que Machiavel a fait voir avec évidence. En feignant de donner des leçons aux Roix, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince de Machiavel eft le livre des républicains *)

Nous avons trouvé par les rapports généraux', que la Monarchie n'eft convenable qu'aux grands Etats, et nous le trouvons encore en l'examinant en elle-même. Plus l'administration publique eft nombreuse, plus le rapport du prince aux sujets diminue et s'approche de l'égalité, en forte que ce rapport est un ou l'éga lité même dans la démocratie. Çe même rapport augmente à mefure que le gouvernement fe res

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ferre;

*) Machiavel étoit un honnête homme et un bon citoyen; mais attaché à la maifon de Medicis. Il étoit forcé, dans l'oppreffion de fa patrie, de déguifer fon amour pour la liberté. Le choix feul de fon execrable Héros manifeste affez son intention fecrette, et l'oppofition des maximes de fon livre du Prince à celles de fes difcours fur Tite - Live et de fon histoire de Florenee, démontre que ce profond Politique n'a eu jusqu'ici que des lecteurs fuperficiels ou corrompus. La Cour de Rome a féverement défendu fon livre, je le crois bien; c'eft elle qu'il depeint le plus clairement.

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