Hélène. Est-ce là de ton cœur ce que je dus attendre?... As-tu donc oublié les intimes douceurs? Nous devions nous aimer, hélas! comme deux sœurs. Nos heures de bonheur s'écoulèrent mêlées. Quand on nous séparait, rebelles, désolées, Nous grandimes ainsi, par un tendre prestige, Et quand le désespoir m'accable et m'environne, Tu veux briser ces nœuds et les désavouer! Unie à mes tyrans, tu viens me baffouer, Tu tortures mon cœur, et sur ta pauvre amie, La belle description que fait Thésée de ses chiens de chasse est pleine de charme et de ravissante poésie: Thésée. — Qu'on me cherche le garde de cette forêt ! —Nous avons accompli les cérémonies d'usage; et, avant la fin du jour, vous entendrez, belle princesse, les cris de mes limiers. Qu'ils soient découplés sur-le-champ dans la vallée. Allez et envoyez-moi le garde.-Maintenant, belle reine, gravissons ce coteau, et, de là, vous écouterez la musique confuse des chiens et des échos répondant à leur voix. Hippolyte. J'accompagnais un jour Hercule et Cadmus, dans une partie de chasse qu'ils firent dans les bois de la Crète; ils chassèrent l'ours avec des chiens de Sparte, et jamais je n'entendis un bruit semblable: car les cieux, la forêt et tout le pays d'alentour ne paraissaient pousser qu'un seul et même cri. Non, certes, je n'entendis jamais un bruit plus fort, et en même temps plus mélodieux. Thésée. Mes chiens sont aussi de Sparte; ils ont la gueule large, le poil finement moucheté, l'œil vif, le nez bon, les oreilles si longues qu'elles balayent la rosée du matin de dessous l'herbe; leurs jarrets sont arqués, et leur fanon ressemble à ceux des taureaux qui paissent dans les plaines de la Thessalie; ils ne sont pas très-légers à la course, mais leur voix ressemble au bruit des cloches; et jamais les fanfares n'accompagnèrent des cris plus harmonieux dans les bois de Crète ou de Laconie: vous allez en juger. Mais que vois-je? Quelles sont ces nymphes? Voici le plus célèbre passage que jamais poëte ait produit, et que Shakspeare lui-même n'a pas surpassé. « Le Fou, l'Amoureux et le Poëte sont tout imagination : >> l'un voit plus de démons que l'enfer n'en peut contenir, c'est >> le fou; l'amoureux, non moins extravagant, voit la beauté » d'Hélène sur un front égyptien. L'œil du poëte roulant dans >> un brillant délire, lance son regard sublime du ciel à la terre, » et de la terre aux cieux. Et comme l'imagination féconde, qui >> conçoit au delà de ce que la raison peut jamais comprendre, » donne un corps aux objets inconnus, la plume du poëte leur » imprime de même des formes indélébiles, et assigne à un >> fantôme aérien une demeure et un nom impérissables. » Cet enthousiasme ainsi décrit reçoit de la description même du poëte son plus noble éclat, et l'imagination all compact qui pouvait produire un morceau d'une si haute inspiration, peut bien prétendre à dominer sur toutes les autres jusqu'à la fin des temps. Quoi de plus gracieux que la description des méprises et des espiègleries du joyeux rôdeur de la nuit? Puck. En vain j'ai parcouru cette forêt sauvage; Je dois presser la fleur qui touche un cœur cruel A tes charmes, enfant, le mien va le soumettre : Homme, réveille-toi. Je vais trouver mon maître. (Il sort.) Titania.- Esprits, dispersez-vous, et laissez-nous heureux ! Dors, je vais t'enfermer dans mes bras amoureux. Ainsi, dans le printemps, l'odorant chèvre-feuille Aux troncs d'arbres noueux entrelace sa feuille; Ainsi l'on voit le lierre aux flexibles anneaux Presser avec amour l'écorce des ormeaux. Endors-toi sur mon sein, oh! vois combien je t'aime! (Ils dorment. Oberon et Puck s'avancent.) - De notre œuvre, mon sylphe, enfin sois réjoui, Admire ainsi que moi ce spectacle inouï. Ce spectacle est charmant, mais il est temps qu'il cesse, Tout à l'heure, en ce bois, tandis qu'elle passait, Elle ne l'a reçu qu'en échange du don De son nain gracieux, esprit qu'elle possède, Et que depuis longtemps je veux qu'elle me cède. Alors dans mon royaume elle l'a fait porter; Il puisse en oublier et l'effet et la cause. (Il s'approche d'elle, et chante en touchant ses yeux avec des fleurs. Titania. Obéron. Obéron. Reviens à toi, reine des fées, De ce Dieu qui m'en a fait don. Oui, voilà votre amant!... Endormir ces mortels d'un sommeil léthargique. Titania.- La musique, venez! chantres puissants, jetez Puck. Obéron. Titania. La brise souffle par bouffées, Écoute, écoute, ô roi des fées, Mme LOUISE COLET. Quelle grâce, quel charme, dans ce dialogue ravissant entre Lysandre et Hermia! Lysandre. Que de maux attachés à l'amour véritable! Dans tout ce que j'ai lu, roman, histoire ou fable, La douleur obstinée empoisonne son cours. Telle fille des rois s'abaisse en ses amours! Hermia. Que je la plains! Lysandre. Hermia. Lysandre. Hermia. Lysandre. Souvent l'insensible vieillesse Vient de ses chaînes d'or accabler la jeunesse. ... Où des parents cruels Il s'arme pour les perdre; et la guerre et la mort C'est lui!...c PHILARETE CHASLES. Il y a une belle leçon de philosophie dans ce passage, où des êtres diminutifs se rient des folies et des travers des mortels : |