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24. Porter le corps du centre et la reserve par Tudela au devant de l'ennemi sur la route de Sarragosse, ou sur celle d'Albazan; on reunirait ainsi 30,000 hommes, on chercherait l'ennemi, et nul doute on le battrait si on le rencontrait de ce côté.

Le maréchal Bessières serait chargé d'observer la grande communication de Burgos à Miranda, laisserait garnison dans le château de Burgos, dans le fort de Pancorvo, occuperait l'ennemi, surveillerait les mouvemens des montagnes de Reynosa, les débarquemens possibles de Santander. Sa tâche serait difficile si l'on considère que le défilé de Pancorvo n'est pas le seul accessible à l'artillerie, qu'à trois lieus delà on arrive sur Miranda par une route practicable à l'artillerie, que quelques lieus plus loin l'Ebre offre un troisième passage sur le point de la chaine qu'il traverse entre Haro et Miranda.

3eme. Laisser le maréchal Moncey à la défence de la Navarre, et se porter avec le corps du centre et la reserve sur Burgos. Réuni au maréchal Bessières on pourroit chercher l'ennemi, et attaquer avec avantage, on marcherait à lui avec trente mille hommes, et on n'attendrait pas qu'il fut réuni avec toutes ses forces. Il serait peut-être possible de donner pour instruction au maréchal Moncey, dans le cas ou il serait débordé sur sa gauche, et qu'il ne verrait pas probabilité de battre l'ennemi, de faire un mouvement par sa droite, et se porter par Logrono sur Briviesca, où il se réunirait au reste de l'armée. Dans ce cas, la Navarre s'insurgerait, les communications avec la France seraient coupées, mais l'armée réunie dans la plaine serait assez forte pour attendre les corps qui arrivent de France, et qui seront assez forts pour pénétrer partout. Il serait aussi possible que, dans tous les cas, le maréchal Moncey se maintienne dans le camp retranché de Pampelune; manœuvrant autour de cette place, il y attendrait le résultat des opérations des deux corps d'armée qui auraient été au devant de l'ennemi dans la plaine de Burgos, et l'arrivée des de la grande armée.

corps

4eme. Passer l'Ebre, et chercher à amener l'ennemi à une bataille dans la plaine que est entre Vittoria et l'Ebre.

5eme. Se retirer appuyant sa gauche sur Pampelune, et sa droite dans les montagnes de Mondragone.

6eme. Laisser une garnison en état de se défendre pendant six semaines à Pampelune, St. Sebastien, Pancorvo, et Burgos, réunir le reste de l'armée, marcher à la rencontre de l'ennemi sur l'une ou l'autre des grandes communications, le battre partout où on le trouverait, attendre, ou près de Madrid, ou dans le pays où les

mouvemens de l'ennemi et la possibilité de vivre aurait porté l'armée, les troupes de France; on abandonnerait ses derrières, ses communications; mais la grande armée serait assez forte pour en ouvrir pour elle-même. Et quant à l'armée qui est en Espagne, réunie ainsi elle serait en état de braver tous les efforts, de déconcerter tous les projets de l'ennemi, et d'attendre dans une noble attitude le mouvement général qui sera imprimé par vôtre majesté lors de l'arrivée de toutes les troupes dans ce pays.

De tous les projets le dernier parait preférable; il est plus noble et aussi sur que le 5eme.

Ces deux projets sont seuls entiers absolument offensif ou absolument defensif. On peut les regarder, l'un et l'autre, comme propres à assurer la conservation de l'armée jusqu'à l'arrivée des renforts. Le dernier a sur l'autre l'avantage d'arrêter le progrès de l'ordre nouveau qui s'établit en Espagne; il est plus digne des troupes Françaises, et du frère de vôtre majesté. Il est aussi sur que celui de la sévère ét honteuse défensive proposée par l'article cinq. Je l'ai communiqué au maral Jourdan et au mara Ney, qui l'un et l'autre sont de cet avis. Je ne doute point que les autres maréchaux ne partagent leur opinion.

Au premier Octobre je puis avoir la réponse de V. M., et même avant, puisque je lui ai manifesté cette opinion par ma lettre du 14 Septembre.

Si V. M. approuve ce plan, il sera possible qu'elle n'ait pas de mes nouvelles jusqu'à l'arrivée des troupes ; mais je suis convaincu qu'elle trouvera les affaires dans une bien meilleure situation qu'en suivant aucun des autres cinq projets.

Miranda, le 16 Sept. 1808.

No. VII.
S.

EXTRAIT DE LA LETTER DU MAJOR GÉNÉRAL AU GÉNÉRAL SAVARY, A' MADRID.

Bayonne, 12 Juillet, 1808.

Section 1. J'ai rendu compte à l'empereur, general, de vôtre lettre du 8me. S. M. trouve que vous vous étes dégarni de trop de monde à Madrid, que vous avez fait marcher trop de troupes au secours du gal Dupont, qu'on ne doit pas agir offensivement jusqu'à ce que les affaires de la Galice soient éclairées. De tous les points de l'armée, général, le plus important est la Galice, parceque c'est

la seule province qui ait réellement conclu un traité avec l'Angleterre. La division de ligne des troupes Espagnoles qui était à Oporto s'est joint à celle qui était en Galice, et enfin par la position de cette province extrêmement près de l'Angleterre. Independamment de ces considérations, la position la rend encore plus interessante; car les communications de l'armée se trouveraient compromises si le maréchal Bessières n'avait pas un entier succès, et il faudrait bien alors reployer toutes vos troupes, et marcher isolément au secours du maréchal Bessières. Encore une fois, général, vous vous étes trop dégarni de Madrid, et si un bon régiment de cuirassiers, quelque pièces d'artillerie, et 1000 à 1200 hommes d'infanterie avaient pu arriver à l'appui du maréchal Bessières, le 14, cela lui aurait été d'un éminent secours. Q'importe que Valencé soit soumis? Q'importe que Sarragosse soit soumis? Mais, général, le moindre succès de l'ennémi du côté de la Galice aurait des inconvéniens immenses. Instruit comme vous l'étiez des forces du général Cuesta, de la désertion de troupes d'Oporto, &a. . . . . S. M. trouve que pour bien manœuvrer il aurait fallu vous arranger de manière à avoir du 12 au 15e 8000 hommes pour renforcer le maréchal Bessières. Une fois nos derrières debarassées, et cette armée de Galice détruite, tout le reste tombe et se soumit de soi-même, &c. &c.

S.

EXTRAIT DE LA LETTRE, &c.

Bayonne, 13 Juillet, 1808.

Section 2.-Nous recevons vos lettres du 9o et du 10o, général. L'empereur me charge de vous faire connaître que si le géneral Gobert était à Valladolid, le général Frère à San Clemente ayant une colonne dans la Manche, si 300 à 400 convalescens, un bon commandant, 4 pièces de canon, un escouade d'artillerie, et vingt mille rations de biscuit étaient dans le château de Ségovie, la position de l'armée serait superbe et à l'abri de toute sollicitude. La conduite du général Frère ne parait pas claire. Let nouvelles qu'il a eues de maréchal Moncey paraissent apocryphes. Il est possible que ses 8000 hommes et son artillerie n'aient pas été suffisans pour enlever la ville de Valence. Cela étant, le maréchal Moncey ne l'enleverait pas d'avantage avec 20,000 hommes, parcequ'alors c'est une affaire de canons et de mortiers, &a. &a.

Valence est comme la Catalogne et l'Arragon; ces trois points sont secondaires. Les deux vrais points importans sont le général Dul'ont et particulièrement le maréchal Bessières, parceque le premier

a devant lui le corps du camp de St. Roch et le corps de Cadiz, et le maréchal Bessières parcequ'il a devant lui les troupes de la Galice et celles qui etaient à Oporto. Le général Dupont a près de 20,000 hommes; il ne peut pas avoir contre lui un pareil nombre de troupes ; il a déjà obtenu des succès tres marquans, et au pis aller il ne peut être contraint qu'à repasser les montagnes, ce qui n'est qu'un événement de guerre. Le maréchal Bessières est beaucoup moins fort que le général Dupont, et les troupes Espagnoles d'Oporto et de la Galice sont plus nombreuses que celles de l'Andalousie, et les troupes de la Galice n'ont pas encore été entamées. Enfin le moindre insuccès du maréchal Bessières intercepte tous les communications de l'armée et compromettrait même sa sureté. Le général Dupont se bat pour Andujar, et le maréchal Bessières se bat pour les communications de l'armée et pour les opérations les plus importans aux affaires d'Espagne, &c. &c.

S.

EXTRAIT DE LA LETTRE, &c. &c.

Bayonne, 18 Juillet, 1808, à dix heures du soir. Section 3.-Je reçois, général, vos lettres du 14. L'aide-decamp du maréchal Moncey a donné à sa majesté tous les détails sur ce qui s'est passé. La conduite du maréchal a été belle. Il a bien battu les rebelles en campagne. Il est tout simple qu'il n'ait pu entrer à Valence; c'étoit une affaire de mortiers et de pièces de siège. Sa position à San Clement est bonne, de là il est à même de remarcher sur Valence. De reste, général, l'affaire de Valence est une affaire du second ordre, même celle de Sarragosse, qui cependant est plus importante. L'affaire du maréchal Bessières était d'un intérêt majeur pour les affaires d'Espagne, et la première après cette affaire c'est celle du général Dupont, et c'est le moment de laisser le général Gobert suivre la route. Le maréchal Moncey se repose; le général Reille marche sur Gironne: ainsi trois colonnes pourront marcher ensemble sur Valence; le corps du général Reille, celui de Sarragosse, et celui du maréchal Moncey, ce qui formera les 20,000 hommes que ce maréchal croit necessaire. Mais l'empereur, général, trouve que vous avez tort de dire qu'il n'y a rien été fait depuis six semaines. On a battu les rassemblemens de la Galice, de St. Ander, ceux d'Arragon et de Catalogne, qui dans leur aveuglement croyaient qu'ils n'avaient qu'à marcher pour détruire les Français: le maréchal Moncey, les généraux Duhesme, Dupont, Verdier, ont

fait de bonne besogne, et tous les hommes sensés en Espagne ont changé dans le fonds de leur opinion, et voient avec la plus grande peine l'insurrection. Au reste, général, les affaires d'Espagne sont dans la situation la plus prospère depuis la bataille de Medina del Rio Seco, &c. &c. Le 14e et le 44 arrivent demain ; après demain ils partent pour le camp de Sarragosse; non pas que ces troupes puissent avancer la reddition, qui est une affaire de canon, mais elles serviraient contre les insurgés de Valence, s'ils voulaient renforcer ceux de Sarragosse. Enfin, si le général Gobert et les détachemens qui sont à moitié chemin pour rejoindre le général Dupont font juger à ce général qu'il a des forces suffisantes pour battre le général Castaños, il faut qu'elles continuent leur direction, et qu'il attaque l'ennemi, s'il croit devoir le faire, &a. &a.

(Cette lettre a été ecrite le jour de la bataille de Baylen.)

EXTRAIT DE LA LETTRE, &".

Bourdeaux, 3 Août, 1818.

Section 4.-Les événemens du général Dupont sont une chose sans exemple, et la rédaction de sa capitulation est de niveau avec la conduite tenue jusqu'à cette catastrophe. L'empereur pense qu'on n'a pas tenue compte du vague de la rédaction de l'acte, en permettant que les corps en échellons sur la communication entre vous et le général Dupont aient marché pour se rendre aux Anglais car on ne doit pas presumer qu'ils aient la loyauté de laisser passer les troupes qui s'embarquent. Comme vous ne parlez pas de cela, on pense que vous avez retiré ces échellons sur Madrid. Après avoir lu attentivement la rélation du général Dupont, on voit qu'il n'a capitulé que le lendemain de la bataille, et que les corps des généraux Vedel et Dufour, qui se trouvent. compris pour quelque chose dans la capitulation (on ne sait pourquoi), ne se sont pas battus. Par la relation même du général Dupont, tout laisse penser que l'armée du général Castaños n'était pas à beaucoup près aussi forte qu'on le dit, et qu'il avait réuni à Baylen tout ce qu'il avait de forces. S. M. ne lui calcule pas plus de 25,000 hommes de troupes de ligne et plus de 15,000 paysans. Par la lettre du général Belliard il parait que l'ordre est donné de lever le siège de Sarragosse, ce qui serait prématuré; car vous comprendrez qu'il n'est pas possible qu'on ne laisse un corps d'armée, qui couvre Pampelune, et contienne la Navarre, sans quoi l'ennemi peut cerner Pampelune, insurger la Navarre,

VOL. I.

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