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priviléges et sa magie; Rome, ses foudres et sa suprématie; son empire est encore intact comme son infaillibilité. La scolastique n'a point perdu sa domination: Aristote n'est point détrôné. Ainsi comprimée, la société semble se complaire dans ses vieilles traditions politiques et morales: au-delà, elle n'imagine rien, rien du moins qui la tente. La constitution féodale, la suprématie du Saint-Siége sont encore pour bien des esprits une admirable harmonie; la scolastique, une merveilleuse invention.

Tel n'est point le quinzième siècle. Le doute a pénétré dans les esprits. Le monde politique et le monde religieux ressentent une secrète agitation. La pensée a ses révoltes, le peuple ses protestations, l'Église son schisme. Si l'on ne rompt pas ouvertement avec les traditions du passé, on commence à les examiner; l'admiration fait place à la plainte, le doute se mêle au respect le moyen âge va de toutes parts s'écroulant.

La féodalité, habilement combattue par Philippe-Auguste et par ses successeurs, tombe enfin sous les coups de Louis XI, et devant la création de l'infanterie et la découverte de l'imprimerie. La puissance pontificale, déjà menacée par les sectes qui s'étaient multipliécs au treizième siècle, allait succomber à

des attaques plus hardies, plus opiniâtres, plus générales : Luther démembre le Saint – Siége. Inquiétée par les prétentions des réformateurs, Rome l'est aussi par l'opposition des rois. Les limites du spirituel et du temporel, jusque-là incertaines, ou plutôt confondues, se séparent. De toutes parts Rome voit la puissance lui échapper au Nord le protestantisme, en France les libertés gallicanes brisent son unité temporelle et spirituelle.

Lutte politique et religieuse, telle est donc la tendance du quinzième siècle. Croyances, idiomes, chevalerie, gouvernement féodal, tout va périr ou se transformer. La religion n'est plus qu'un choix ; la chevalerie, un souvenir; la féodalité, un nom.

La littérature change comme tout le reste : naïve, populaire, ignorante, elle devient savante, artificielle, laborieuse. Il faut à l'esprit d'examen et de raisonnement qui a remplacé l'esprit de foi et d'enthousiasme, des armes plus solides, un instrument plus vigoureux à la pensée. Mais cette révolution ne s'accomplit pas de suite. Avant de se séparer de ses convictions, de rompre son unité, de briser les deux grandes disciplines qui l'ont gouverné, la foi et la féodalité, le moyen âge hésite; le quinzième siècle est une halte, le seizième une

agitation féconde, mais confuse. Les peuples remuent comme les idées pour s'asseoir et se créer une nationalité. La France conquiert sur l'Angleterre l'indépendance de son territoire; l'Angleterre est en proie aux factions que suscitent les rivalités d'York et de Lancastre; l'Allemagne rejette la féodalité ecclésiastique, et s'attache à la liberté spirituelle, insouciante d'une autre liberté ; l'Italie perd la sienne pour n'en avoir pas su faire à temps le sacrifice à l'unité.

Ainsi séparée de sa littérature primitive, de sa religión, de sa constitution féodale, la société moderne ira pendant trois siècles flottante, incertaine, ignorante de ses destinées, pour arriver à travers toutes ces agitations, en littérature à une vérité qu'elle rêve encore, en religion à la tolérance, en politique à la liberté. Dans le moyen âge, en effet, était le germe de cette révolution politique, morale, intellectuelle, que le dix-huitième siècle a accomplie, mais qui avait ailleurs et plus haut sa cause: nous n'en sommes que les fils et les con⚫ tinuateurs.

Le moyen âge a donc été fidèle à sa mission; placé entre le monde ancien et le monde moderne, il achève l'un et commence l'autre.

Il a eu pour bonheur, une foi profonde; pour gloire, une étonnante activité intellectuelle; pour résultat éloigné, mais infaillible, le développement de l'humanité.

FIN.

NOTES.

CHAPITRE II.

Page 17 : Synesius redisait, etc.

ΑΓΕ μοι, λίγεια φόρμιγξ,

Μετὰ Τηΐαν ἀοιδήν,

Μετὰ Λεσβίην τε μολπήν,

Γεραρωτέροις ἐφ ̓ ὕμνοις

Κελάδει Δώριον ᾠδήν,

Απαλαῖς οὐκ ἐπὶ νύμφαις
Αφροδίσιον γελώσαις,

Θαλερῶν οὐδ ̓ ἐπὶ κούρων

Πολυηράτοισιν ἥβαις,

Θεοκύμονος γὰρ ἀγνὰ
Σοφίας ἄχραντος ὠδῖς

Μέλος ἐς θεῖον ἐπείγει
Κιθάρας μίτους ἐρέσσειν·
Μελιχρὰν δ ̓ ἄνωγεν ἄτην
Χθονίων φυγεῖν ἐρώτων·
Τί γὰρ ἀλκά, τί δὲ κάλλος,
Τί δὲ χρυσός, τί δὲ φάμα,
Βασιληϊοί τε τιμαί

Παρὰ τὰς Θεοῦ μερίμνας;

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