Imágenes de páginas
PDF
EPUB

conquête de ce pays. Les nestoriens furent donc les principaux instituteurs des Arabes. Ils traduisirent en syriaque les ouvrages les plus estimables de l'antiquité, entre autres ceux d'Aristote et de Galien. Ces versions syriaques furent de nouveau traduites en arabe par l'ordre des premiers Abassides; et les traductions arabes, déjà si inexactes, furent retraduites elles-mêmes pendant le moyen âge par les nations de l'Occident, qui ne connurent ainsi Aristote, Théophraste et Galien, que de quatrième main.

En 529, de nouvelles lumières furent apportées à la Perse par les philosophes platoniciens, que l'édit de Justinien chassa des écoles d'Athènes et d'Alexandrie.

Parmi les établissemens scientifiques fondés en Perse par les nestoriens, on doit surtout remarquer leurs écoles de médecine, et les réglemens qui établissaient des cours réguliers et des examens obligatoires. Ces écoles avaient le droit de délivrer un certificat, sans lequel nul ne pouvait exercer la profession de médecin. Ces écoles sont le modèle de celles qui existent aujourd'hui en Europe, et l'origine de celles que les Ommiades établirent à Cordoue, et où ils enseignèrent pendant la durée du dixième et du onzième siècle. Les écoles de Cor

doue attirèrent les savans de toutes les parties de l'Orient, de Bagdad, du Caire, de la Perse, qui venait à son tour chercher l'instruction qu'elle avait donnée. Les écoles de Salerne, en Italie, et de Montpellier, en France, furent, après celle de Cordoue, les plus célèbres,

La première influence des Arabes sur la France se fit sentir sous Charlemagne. Aaron Raschild avait la plus grande estime pour Charlemagne, son contemporain, à qui il fit présent de la première horloge à roue qui ait été vue dans l'Occident.

De 813 à 833, Muhamed-Abamusa porta le goût pour les sciences jusqu'à faire la guerre à l'empereur de Constantinople, pour le forcer à lui envoyer des professeurs et des livres. Ce fut surtout sous son règne que les Arabes acquirent toutes les sciences connues parmi les Grecs. Motavakel établit une bibliothèque à Alexandrie, et paraît avoir été le dernier des kalifes qui ait favorisé les sciences. Affaiblie dès 832, la puissance des kalifes passa bientôt aux chefs des Tartares, qu'ils avaient pris à leur service: ces chefs se rendirent indépendans, particulièrement en Syrie, en Égypte. Enfin, en 933, on vit le dernier des kalifes réduit à mendier dans les rues de Bagdad: dès-lors la puissance des kalifes est uniquement religieuse;

jusqu'en 1352, ils restèrent chefs de la religion.

Déjà bien auparavant leur puissance avait été ébranlée la victoire de Karle Martel, et par par la révolution qui transporta le kalifat de la famille des Ommiades à celle des Abassides, mais qui eut pour l'Occident d'heureux résultals, puisqu'elle fit passer en Espagne, avec le kalifat indépendant des Ommiades, les sciences des Arabes. Alors, sous la domination des Arabes, l'Espagne jouissait d'une civilisation infiniment supérieure à celle de l'Europe. De l'Espagne, la science se répandit en France, et de Montpellier l'influence et les connaissances arabes passèrent dans le reste de l'Europe.

CHAPITRE XVI.

Naissance des idiomes modernes. -Roman vulgaire.

Le développement des idiomes modernes suivit les progrès de la pensée en les hâtant.

La langue latine, introduite dans les Gaules quelque temps avant la conquête de Jules César, y devint, à partir de cette époque, la langue savante, la langue de l'aristocratie, celle qu'on devait parler dans les armées et au sénat. Mais, jusqu'au cinquième siècle, elle ne fut point populaire. La langue celtique continua d'être, surtout dans les campagnes, la langue du plus grand nombre; et ses formes ainsi que ses expressions se mêlèrent plus tard, bien que très-rares, aux formes du latin rustique et du tudesque.

Il y eut dès-lors, pour ainsi dire, deux espèces de latin dans les Gaules, le latin classique et le latin vulgaire, origines toutes deux de la langue romane. Auquel de ces deux élémens principaux la langue française est-elle le plus redevable? duquel est-elle fille? Évidem

ment ce n'est pas du latin classique, de cette langue enseignée dans les écoles de Lyon et de Marseille. Comment, en effet, aurait-elle pénétré dans le peuple? Par les livres ? Le peuple alors ne lisait pas. Elle n'avait donc ри descendre des grands au peuple que par la parole, et non par l'écriture. Mais là n'est pas la véritable source du latin rustique, et partant du roman. Le français, ainsi que l'italien, ne vient pas du latin classique, mais bien d'un latin différent de celui des livres, et qui, à Rome comme dans les Gaules, formait le fond du langage populaire.

Ce latin rustique avait lui-même une plus haute antiquité; il n'était qu'une tradition altérée, un débris de ce vieux langage du Latium qui s'était conservé dans les provinces romaines. Tandis que le latin éolien allait se perfectionnant, la langue du peuple conserva dans ses incorrections grammaticales une foule de locutions qui forment plus particulièrement ces idiotismes, cette variété de dialectes si grande en Italie, et ces mots dont l'étymologie latine ne se trouve pas.

C'est donc de ce langage vulgaire des provin ces, sermo rusticus, vulgaris, militaris, provincialis, usualis, quotidianus, pedestris, et non du latin classique, que se sont formées les langues française, espagnole et italienne; c'est

« AnteriorContinuar »