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nicht mit ftårkern Waffen håtte angreifen können. Wie wenig wårde man gegen sie einzuwenden haben, wenn sie sich nicht zuz weilen ein wenig zu sehr auf die andre Seite schlügen, der Liebe die Stelle einer Tugend absprächen, und sie ganz für eine finns liche Empfindung ausgeben wollten! Manche Wahrheit würde vielleicht der Leser lieber aus dem Munde einer Mannsperson, als aus dem Munde eines unverheiratheten Frauenzimmers hdren wollen. Doch, der Verfaffer, oder die Verfasserin, 'håtten keine bessere Person zu ihren Briefen wählen können. Wenn sie ein Frauenzimmer schreiben sollte, so konnte fie eine l'Enclos am ersten schreiben. Uns deucht, daß sie den Briefen des jún gern Crebillon noch vorzuziehen find. Doch wer weiß, ob sie

ihn nicht selbst zum Verfaffer haben?"

AU MARQUIS DE SEVIGNE.

Oui, Marquis, je vous tiendrai parole; et dans toutes les occafions je dirai la vérité, deuffe-je la dire à mes propres dépens. J'ai plus de ferineté dans l'efprit que vous ne l'imaginez, et je crains bien que la fuite de notre commerce ne vous false penfer que quelquefois je pouffe cette vertu jusqu'à la fevérité. Mais fouvenez-vous alors que je n'ai que le déhors d'une femme, et que je fuis homme par le coeur et par l'efprit, Voici la méthode que je veux suivre avec vous. Comme je ne demande pas mieux que de m'éclairer moi-même; avant de vous communiquer mes idées, mon dessein eft de les proposer à l'excellent homme chez lequel nous foupâmes hier. bonne opinion de la pauvre humanité. Il ne croit non plus aux vertus qu'aux revenants. Mais cette roideur initigée par mon indulgence pour les foibleffes humaines vous donnera, je crois, l'efpece et la dose de Philofophie qu'il faut dans le commerce des femmes. Venons au furplus de votre lettre.

Il eft vrai qu'il n'a pas trop

que

Depuis que vous êtes entré dans le monde, il ne vous a rien offert, dites vous, de ce que vous aviez imaginé d'y trouver. Le dégoût et l'ennui vous suivent par-tout. Vous cherchez la folitude, et dès vous en jouissez, elle vous laffe; vous ne fçavez en un mot à quoi attribuer l'inquiétude qui vous tourmente. Je vais vous tirer de peine, moi: car ma charge eft de vous dire ma pensée fur tout ce qui pourra vous arrêter, et je ne fçais fi vous ne me ferez pas fouvent des questions aussi embarrassantes pour moi, qu'elles l'au ront été pour vous.

Le Mesaise que vous éprouvez, n'a point d'autre cause que le vuide où le touve votre coeur. Ce coeur eft fans amour, et il eft fait pour en ressentir. Vous avez précisément ce qu'on appelle le besoin d'aimer. Oui, Marquis, la nature, en nous formant, nous a donné une portion de fentimens qui doivent s'exercer fur quelqué objet. Votre âge, eft fait Votre âge eft fait pour les agitations de l'amour: tant que ce fentiment ne remplira pas votre coeur, il vous manquera toujours quelque chofe: l'inquiétude dont vous vous plaignez, ne finira point. En un mot, l'amour est l'aliment du coeur comme les mets le font du corps; ainer, c'est remplir le voeu de la nature, c'eft fatisfaire à un befoin. Mais s'il eft poffible, faites enforte, que chez vous l'amour n'aille pas jusqu'à la passion. Pour vous garantir de ce malheur, je ferois presque tentée d'approuver le confeil que l'on vous donne de préférer à la compagnie de ces femmes capables de vous inspirer autant d'eftime pour elles que d'amour, le commerce de celles qui se piquent d'être plus amusantes que folides. A votre âge, ne pouvant penser à prendre un engagement férieux, on n'a pas befoin de trouver un ami dans une feinme; on ne doit y chercher qu'une Maitresse aimable.

Le

Le commerce des femmes à grands principes, ou de celles que les ravages du tems forcent à ne plus fe faire valoir que par les grandes qualités, est excellent pour un hoinme, qui, comme elles, eft fur le retour. Pour vous ces femmes feroient trop bonne compagnie, fi j'òfe m'expliquer ainfi. Il ne nous faut de richelles qu'à proportion de nos befoins, et ce que vous avez à faire de mieux, c'est, je crois, de vous attacher à celles qui joignent à une figure aimable de la douceur dans le commerce, de la gayeté dans l'humeur, du goût pour les plaifirs de fociété, et qu'une affaire de coeur n'effarouche pas.

Aux yeux d'un homme raisonnable elles paroiffent trop frivoles, ine direz-vous; mais croyez-vous qu' elles doivent être jugées avec tant de fevérité. Soyez perfuadé, Marquis,`que fi malheureuséinent elles acquéroient plus de folidité dans le caractere, elles et vous perderiez trop. Vous exigez dans les femmes de qualités! eh ne le trouvez-vous pas dans un ami? Vous dirai-je tout? Ce n'eft point de nos vertus que vous avez besoin, mais de notre enjouement et de nos foibleffes. L'amour que vous pourriez prendre pour une femme qui feroit estimable à tous égards, deviendroit trop dangereux pour vous. Jusqu'à ce que vous puiffiez penser au contrat, voùs ne devez chercher qu'à vous amufer avec les belles, un goût paffager doit feul vous y attacher; gardez: vous de vous en occuper plus férieusement, car je vous le prédis, vous ne pourriez faire avec elles qu' une mauvaise fin.

Si vous ne penfiez pas plus folidement que la plupart des jeunes gens, je vous parlerois fur tout un autre ton: mais je n'apperçois que vous êtes

prêt

prêt à donner dans l'excés contraire à leur ridicule frivolité. Il ne faudroit donc vous attacher qu'à une femme qui, comme un enfant aimable, vous amfàt par d'agréables folies, par de légers caprices, et par tous ces jolies défauts qui font le charine d'un commerce galant.

Voulez-vous que je vous dise ce qui rend l'amour dangereux? c'est l'idée fublime que l'on s'avife quel quefois de s'en former. Mais dans l'exacte vérité, l'amour pris comme paffion, n'eft qu'un instinct aveugle qu'il faut fçavoir apprécier; un appétit qui nous determine pour un objet plûtot que pour un autre, fans qu'on puisse donner la raison de fon goût: confidéré comme liaifon d'amitié, lorsque la raifon y préfide, ce n'eft plus de l'amour, c'eft une estime, affectueuse à la verité, mais tranquille, incapable de vous tirer de votre fituation. Si, marchant fur les traces de nos anciens Héros de Roman, vous allez jusqu'aux grands fentimens, vous verrez que cette héroïsme prétendu ne fait de l'amour qu'une folie triste et souvent funefte. C'est un vrai fanatisme; mais fi vous le dégagez de tout ce que l'opinion lui prête, bientôt il fera votre bonheur et vos plaifirs. Croyez que, fi c'étoit la raison ou l'enthousiasme qui formát les affaires de coeur, l'amour deviendroit infipide ou frénétique. Le feul moyen d'éviter ces deux extrémités, c'eft de fuivre le chemin que je vous indique. Vous n'avez besoin que d'étre amusé, et vous ne trouverez que chez les femmes dont je vous parle, ce qu' il faut pour cela; votre coeur veut être occupé, elles font faites pour le remplir. Elfayez de ma recette et vous vous en trouverez bien. Je vous avois

promis de la raison, il me femble que je vous tiens parole allez exacteinent. Adieu, je viens de recevoir

une

une lettre charinante de Mr. de Saint Evremont,

il

faut que j'y réponde. Je veux en même tems lui propofer les idées dont je vous fait part; et je serai bien trompée s'il ne les approuve pas.

J'aurai demain l'Abbé de Château-neuf, et peutêtre Molière. Nous relirons le Tartuffe, où il doit faire quelques changemens; comptez, Marquis, que tous ceux qui ne conviendront point de tout ce que je viens de vous dire, tiennent un peu de ce caractère - là.

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