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faut jamais être importuné de leurs demandes, ce sont des ouvertures que la nature vous offre pour faciliter l'instruction: témoignez y prendre plaifir; par là vous leur enseignerez infenfiblement comment fe font toutes les chofes qui fervent à l'homme, et fur lesquelles roule le commerce. Peu à peu fans étude particuliere ils connoitront la bonne maniere de faire toutes ces chofes qui font de leur ufage; et le jufte prix de chacune, ce qui eft le vrai fond de l'economie. Ces connoillances qui ne doivent être méprifées de perfonne, puisque le monde a besoin de ne se laiffer pas tromper dans la dépenfe, font principalement neceffaires aux filles.

Mons

Montesquieu.

Charles de Secondat, Baron de la Brede et de Mons tesquieu, geb. 1689, geft. 1755, einer der größten und talentvoll ften Männer Frankreichs, vorzüglich berühmt durch sein unsterbliches Werk, De l'Esprit de Loix. Seinen Verdiensten stiftete d'Alembert ein, vor dem fünften Bande der Encyklopädie, und vor der Ausgabe von Montesquieu's såmmtlichen Werken befindliches, würdiges Denkmal, dem auch eine Zergliederung jes nes Meisterwerks beigefügt ist. Sein Effai fur le Gout dans les chofes de la Nature et de l' Art, ist zwar nur Fragment, aber übers aus lesenswerth, und besonders von Seiten der Schreihart vor. trefflich. Hieraus allein würde man ihn als einen Mann vom feinsten Geschmack kennen lernen, der defts mehr Beruf hatte, über diesen Gegenstand zu schreiben. Zur Probe diene folgendes Kapitel daraus :

DES BEAUTE'S QUI RESULTENT D'UN CERTAIN EMBARRAS DE L'AME.

Souvent la furprise vient à l'ame de ce qu'elle ne peut pas concilier ce qu'elle voit avec ce qu'elle a vu. II ya en l'Italie un grand lac, qu'on appelle le lac majeur; c'est une petite mer dont les bords ne montrent rien que de fauvage. A quinze miles dans le lac, font deux ifles d'un quart de mile de tour, qu' on appelle les Borromées, qui est, à mon avis, le féjour du monde le plus enchanté. L'ame est étonnée de ce contrafte romanesque, de rappeller avec plaifir les merveil les des Romains, où, après avoir paffé par des rochers et des pays arides, on se trouve dans un lieu fait pour les Fées.

Tous les contraftes nous frappent, parce que les chofes en opposition se relevent toutes les deux: ainfi, lorsqu' un petit homme eft auprès d'un grand, le petit fait paroître l'autre plus grand, et le grand fait paroître l'autre plus petit.

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Ces fortes de furprises font le plaifir que l'on trouve dans toutes les beautés d'opposition, dans toutes les antithefes et figures pareilles. Quand Florus dit: Sore et Algide, qui le croiroit! nous ont été formi,,dables: Satrique et Cornicule étoient des Provinces: ,, nous rougiffons des Boriliens et des Véruliens, naisnous en avons triomphé: enfin Tibur, notre faux,,bourg, Prénefté, où font nos maifons de plaifance, étoient le sujet des voeux que nous allions faire au Capitole;" cet auteur dis-je, nous montre en mêmetemps la grandeur de Rome et la petitefle de fes commencemens et l'étonnement porte fur ces deux choses.

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On peut remarquer ici, combien eft grande la différence des antithefes d'idées d'avec les antithefes d'expression. L'antithefe d'expreffion n'eft pas cachée; celle d'idées l'eft; l'une a toujours le même habit, l'autre en change comme on veut: l'une eft variée, l'autre non.

Le même Florus, en parlant des Samnites, dit que leurs villes furent tellement détruites qu'il est difficile de trouver à préfent le fujet de vingt-quatre tri-, omphes; ut non facile appareat materia quatuor et viginti triumphorum. Et par les mêmes paroles qui marquent la deftruction de ce peuple, il fait voir la grandeur de fon courage et de son opiniâtreté.

Lorsque nous voulons nous empêcher de rire, notre rire redouble, à cause du contraste qui est entre la fituation où nous fommes et celle où nous devrions ètre: de même lorsque nous voyons dans un vilage un grand défaut, comme par exemple un très grand nez, nous rions à cause que nous voyons que ce contraste, avec les autres traits du visage, ne doit pas être. Ainfi les contrastes font caufe des défauts auffi bien que des

beau

beautés. Lorsque nous voyons qu'ils font fans raison, qu'ils relevent où eclairent un autre défaut, ils font les grands inftrumens de la laideur, laquelle, lorsqu'elle nous frappe fubitement, peut exciter une certaine joie dans notre ame et nous faire rire. Si notre ame la regarde comme un inalheur dans la perfonne qui la pof fede, elle peut exciter la pitié: fi elle la regarde avec l'idée de ce qui peut nous nuire, et avec une idée dey comparaison avec ce qui a contume de nous émouvoir: et d'exciter nos defirs, elle la regarde avec un fentiinent d'averfion.

De même dans nos penfées, lorsqu' elles contiennent une oppofition qui eft contre le bon fens, lorsque cette oppofition eft commune et ailée à trouver, elles ne plaisent point et font un défaut, parcequ'elles ne causent point de surprise; et si au contraire, elles font trop recherchées, elles ne plaisent pas non plus. It faut que dans un ouvrage on les fente parce qu'elles y font, et non pas, parce qu'on a voulu les montrer; car pour lors la furprife ne tombe que fur la fottife de

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l'auteur.

Une des chofes qui nous plait le plus, c'eft le naif; mais c'eft auffi le ftyle le plus difficile à attraper: la raison en est qu'il eft précisément entre le noble et le bas; il eft fi près du bas, qu'il est très difficile de le côtoyer toujours fans y tomber.

Les muficiens ont reconnu que la mufique qui le chante le plus facilement, eft la plus difficile à compofer: preuve certaine que nos plaifirs, et l'art qui nous les donne, font entre certaines limites.

A voir les vers de Corneille fi pompeux, et ceux de Racine fi naturels, on ne devineroit pas, que Cor

neille travailloit facilement et Racine avec peine,

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Le bas eft le fublime du peuple, qui aime à voir une chose faite pour lui, et qui eft à la portée.

Les idées qui fe présentent aux gens qui font bien élevées et qui ont un grand esprit, font ou naïves, ou nobles, ou fublimes.

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Lorsqu'une chose nous eft montrée avec des circonstances ou des acceffoires, qui l'aggrandissent, cela nous paroît noble: cela fe fent furtout dans les comparaifons, où l'esprit doit toujours gagner et jamais perdre: car elles doivent toujours ajouter quelque chofe, faire voir la chofe plus grande, ou, s'il ne s'agit pas de grandeur, plus fine et plus délicate: mais il faut bien Je donner de garde de montrer à l'ame un rapport dans le has; car elle fe le feroit caché, fi elle l'avoit découvert.

Comme il s'agit de montrer des chofes finies, l'ame aime mieux voir comparer une maniere à une maniere, une action à une action, qu' une chose à une chose, comme un héros à un lion, une femme à un astré, et un homine leger à un cerf.

Michel-Ange eft le maître pour donner de la nobleffe à tous les fujets. Dans fon fameux Bachus, il ne fait point comme les peintres de Flandre, qui nous montrent une figure tombante, et qui eft, pour ainfi dire, en l'air. Cela feroit indigne de la majesté d'un Dieu. Il le peint ferme fur les janibes; mais il lui donne fi bien la gayeté de l'yvreffe, et le plaifir à voir couler la liqueur qu' il verfe dans fa coupe, qu'il n'y a rien de fi admirable.

Dans la paffion qui eft dans la Galerie de Florence, il a peint la Vierge debout, qui regarde fon fils crucifié, fans douleur, fans pitié, fans regret, fans larines. Il la fuppose instruite de ce grand myftére, et par-là, lui fait foutenir avec grandeur le fpectacle de cette mort.

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