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L. Elle est bien longue.

(Lucien lit et éclate de rire; Rabelais furvient.) Rabelais. Meffieurs, quand on rit je ne fuis pas de trop; de quoi s'agit-il?

L. et E. D'extravagances.

R. Ah, je fuis votre homme.

Luc. à Erasme. Quel eft cet original?

E. C'eft un homme qui a été plus hardi que moi et plus plaifant; mais il n'était que prêtre, et pouvait prendre plus de liberté que moi qui étais moine.

Luc. à Rabelais. Avais-tu fait, comme Erasme, voeu de vivre aux dépens d'autrui?

R. Doublement; car j'étais prêtre et médecin. J'étais né fort fage, je devins auffi favant qu' Erasme et voyant que la sagesse et la science ne menaient communément qu'à l'hôpital ou au gîbet, voyant mème que ce demi-plaifant d'Erasine était quelquefois persécuté, je m'avisai d'être plus foù que tous mes compa. triotes ensemble; je composai un gros livre de contes à dormir debout, rempli d'ordures, dans lequel je tournai en ridicule toutes les fuperftitions, toutes les cérémonies, tout ce qu'on révérait dans mon pays, dans toutes les conditions, depuis celle de roi et de grandpontife, jusqu'à celle de docteur en théologie qui eft la dernière de toutes: je dédiai mon livre à un cardinal, et je fis rire jusqu'à ceux qui me méprisaient.

L. Qu' eft ce qu'un cardinal, Erasme?

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E. C'est un prêtre vêtu de rouge, à qui on donne cent mille écus de rentes pour ne rien faire du tout.

L. Vous m'avouerez du moins que ces cardinaux-là étaient raisonnables. Il faut bien que tous

vos concitoyens ne fuflent pas fi fous que vous le dites.

E. Que Monfieur Rabelais me permette de prendre la parole. Les cardinaux avaient une autre espèce de folie, c'était celle de dominer; et comme il est plus aifé de fubjuguer des fots que des gens d'efprit, ils vouJurent affommer la raifon qui commençait à lever la tête. Monfieur Rabelais, que vous voyez, imita le premier Brutus, qui contrefit l'insensé pour échapper à la défiance et à la tyrannie des Tarquins..

L. Tout ce que vous me dites me confirme dans l'opinion, qu'il valait mieux vivre dans mon fiècle que dans le vôtre. Ces cardinaux dont vous me parlez, étaient donc les maîtres du monde entier, puisqu'ils commandoient aux fous?

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R. Non; il y avoit un vieux fou au dessus d'eux.

L. Comment s'appelait-il?

R. Un papegaud. La folie de cet homme confistait à fe dire infaillible, et à fe croire le maître des rois; et il l'avait tant dit, tant répété, tant fait crier par les noines, qu'à la fin presque toute l'Europe en fut perfuadée.

L. Ah! que vous l'emportez fur nous en démence! Les fables de Jupiter, de Neptune et de Pluton, dont je me fuis tant moqué, étaient des choles refpectables en comparaifon des fottifes, dont votre monde a été infatué. Je ne faurais comprendre comment vous avez pu parvenir à tourner en ridicule avec fécurité des gens qui devaient craindre le ridicule encore plus qu'une confpiration. Car enfin on ne se moque pas de fes maîtres impunémént: et j'ai été allez fage pour ne pas dire un feul mot des empereurs D3.

romains.

romains. Quoi votre nation adoroit un papegaud? Vous donniez à ce papegaud tous les ridicules imaginables, et votre nation le fouffrait ! elle étoit donc bien patiente?

R. Il faut que je vous apprenne ce que c'était que ma nation. C'était un compofé d'ignorance, de fuperftition, de bètise, de cruauté et de plaifanterie. On 'commença par faire pendre et par faire cuire tous ceux qui parlaient sérieusement contre les papegauds et les cardinaux. Le pays des Welches dont je fuis natif nagea dans le fang; mais dès que ces exécutions étaient faites, la nation se mettait à danfer, à chanter, à faire l'amour, à boire et à rire. Je pris mes compatriotes par leur faible, je parlai de boire, je dis des ordures, et avec ce fecret tout me fut permis. Les gens d'efprit y entendirent fineffe, et n'en furent gré. Les gens groffiers ne virent que les ordures et les favouèrent: tout le monde m'aima, loin de me perfécuter?··

L. Vous me donnez une grande envie de voir votre livre. N'en auriez-vous point un exemplaire dans votre poche? Et vous, Erasme, pourriez - vous auffi me prêter vos facéties?..

(Ici Erasme et Rabelais donnent feurs ouvrages à Lucien, qui en lit quelques morceaux; et pendant qu'il lit, ces deux Philofophes s'entretiennent.)

Rab. & Erasme. J'ai lu vos écrits, et vous n'avez pas lu les miens, parce que je fuis venu un peu après vous Vous avez peut-être été trop réservé dans vos railleries, et moi trop hardi dans les ruiennes; mais à prefent nous penfons tous deux de mème. Pour moi je ris quand je vois un docteur arriver dans ce pays-ci.

E. Et moi je le plains; je dis: voilà un malheureux qui s'eft fatigué toute la vie à fe troniper, et qui ne gagne.rien ici à fortir d'erreur,

R.

R. Comment donc, n'eft ce rien d'être détrompé?

E. C'eft peu de chofe quand on ne peut plus détromper les autres. Le grand plaifir est de montrer le chemin à fes amis qui s'égarent, et les morts ne deinandent leur chemin à perfonne.

Erasine et Rabeiais raisonnerent affez long-tems. Lucien revint après avoir lu le chapitre des Torchecus et quelques pages de l'Eloge de la folie. Enfuite ayant rencontré le docteur Swift, ils allerent tous quatre fouper ensemble,

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Hemster huis.

Sohn des berühmten Vhilologen, der im Haag als Commis au Confeil d'Etat, vor ungefähr zwei Jahren verstarb; ein Mann von sehr feinem Kunstgeschmack und von vorzüglichem philosophis fchen Scharfsinn. Verschiedne kleine Schriften von ihm, die sich durch Eleganz der Schreibart eben so sehr, als durch innern Werth, auszeichnen, und zum Theil dialogisch find, erschienen in einzelnen saubern Abdrücken, die sich, da sie auf seine Kosten gedruckt wurden,`ziemlich felten gemacht haben. Man hat fie, ins Deutsche überfekt, unter dem Titel, vermischte Schriften des Hrn. Hemsterhuis zu Leipzig, 1782, 8. in zwei Bånden gesam melt. Die darunter befiuvlichen Gespräche sind, nach dem Urs theile eines gültigen Kunstrichters ("Gdtting. Anz. v. J. 17831 S. 214.) so vollkommen, daß die ganze Theorie des philofophiz schen Dialogs von ihnen abgezogen werden kdunte. Die Ideen werden immer stufenweise durch unmittelbare Folgerungen ents wickelt; die Antworten werden, durch die Fragen schon so vorbereis tet, daß die sich unterredenden Personen gerade da sprechen oder schweigen, wo die wechselseitige Wirkung ihrer Rede auf den Vers ftand eine solche Unterbrechung nothwendig macht; und dem Leser oder Zuhörer wird eben dadurch die Ueberzeugung gleichsam aufges drungen, sobald die Entwickelung der Ideen und Beweise ordents lich, ohne Sprünge, und ohne Verfälschung ihres wahren Gehalts, fortschreitet. — Hier ist nur der Anfang des im J. 1778 gedrucks ten Gesprächs, Sophile, ou de la Philofophie, worin fich Sos phyl und Eutyphron über Materie und geistige Kräfte besprechen. Sehr schön wird darin gezeigt, daß der Grund der Wahrheit unsrer finnlichen Erkenntniß darin bestehe, daß wir wirkliche Verhältnisse der Dinge auffer uns, nicht nur zu uns selbst, sons dern auch zu einander, erkennen; und daß es eine sehr kurzsichs tige Philosophie verrathe, wenn man, vermittelft der bekannten vier Grundeigenschaften der Materie, das ganze Syftem der Wes fen eingesehen und ergründet zu haben vermeint.

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