Imágenes de páginas
PDF
EPUB

c'était lorsque l'armée de Valence pouvait envoyer des détachements en Catalogne ou à Saragosse comme elle en menaçait.

6e Observation.-Le but de tous les efforts de l'armée doit être de conserver Madrid. C'est là qu'est tout. Madrid ne peut être menacée que par l'armée de Galice. Elle peut l'être aussi par l'arinée de l'Andalousie, mais d'une manière beaucoup moins dangereuse, parce qu'elle est simple et directe, et que par toutes les marches que fait le Général Dupont sur ses derrières, il se renforce. Les Généraux Dupont et Vedel étaient suffisants, ayant plus de 20,000 hommes: le Maréchal Bessières ne l'est pas proportionnellement, vu que sa position est plus dangereuse. Un échec que recevrait le Général Dupont serait peu de chose ; un échec que recevrait le Maréchal Bessières serait plus considérable et se ferait sentir à l'extremité de la ligne.

Résumé.-Faire reposer et rapprocher de Madrid le Général Frère, le Général Caulincourt, le Général Gobert, afin qu'ils puissent arriver à Madrid avant le Général Cuesta, si celui-ci battait le Maréchal Bessières. Immédiatement après l'évenement qui aura lieu le 15 ou le 16, prendre un parti selon les évenements qui auront eu lieu, et dans le but d'écraser l'armée ennemie en Galice.

Si le Maréchal Bessières a un grand succès, sans éprouver de grandes pertes, tout sera bien dans la direction actuelle. S'il a un succès après avoir éprouvé beaucoup de pertes, il faut se mettre en mesure du le renforcer. S'il se tient en observation sans attaquer, il faut le renforcer. S'il a été défait et bien battu, il faut se concentrer et rassembler toutes ses troupes dans le cercle de sept ou huit journées de Madrid, et étudier les dispositions dans les différentes directions pour savoir où placer les avant-gardes, afin de profiter de l'avantage qu'on a d'être au milieu, pour écraser successivement avec toutes ses forces les divers corps de l'ennemi. Si on n'ordonne pas sur-le-champ au Général Dupont de repasser les montagnes, c'est qu'on espère que, malgré la faute faite, le Maréchal Bessières a la confiance (qu'on partage) qu'à la rigueur il est suffisant pour écraser l'ennemi. Le Maréchal Bessières a eu le bon esprit de tellement réunir toutes ses forces, qu'il n'a pas même laissé on seul homme à Santander. Quelque avantage qu'il y eût à laisser là un millier de'hommes, il a senti qu'un millier d'hommes pouvait decider de la victoire.

Quant à la division du Général Verdier devant Saragosse, elle a rempli aux trois quarts son but. Elle a désorganisé tous les Aragonais; elle a porté le découragement parmi eux, les a réduits à défendre les maisons de leur capitale, a soumis tous les environs, a bloqué la ville, et a réuni tous les moyens pour s'en emparer sans que cela devienne trop coûteux. Voilà l'esprit de la guerre d'Espagne.

No. II.

[Dictated by the Emperor Napoleon.]

NOTE POUR LE ROI D'ESPAGNE.

Bayonne, Juillet, 1808.

L'armée d'Espagne a son quartier général à Madrid; voici sa composition actuelle:

1o. Corps des Pyrénées occidentales.

Le Maréchal Bessières commande le corps des Pyrénées occidentales, qui est fort de 23,000 hommes, infanterie, cavalerie, artillerie; occupe la place de SaintSébastien, les trois Biscaies, les montagnes de Santander, la place de Burgos, et est chargée de combattre l'armée ennemie des Asturies et de Galice.

Toutes les troupes sont en mouvement pour composer l'armée de la manière suivante.

[blocks in formation]

Les forces actives du Maréchal Bessières sont donc de 17,000 hommes. Il
n'en a guère que 15,000 pour l'affaire de Benavente.
S'il obtenait à Benavente et à Léon un grand succès contre l'armée de
Galice, peut-être serait-il convenable, pour profiter de la victoire et de la
terreur des premiers moments, de se jeter dans la Galice. Toutefois, il
devrait d'abord prendre position à Léon, en s'emparant de la plaine,
jetant l'ennemi dans les montagnes, et interceptant au moins à Astorga
la communication de la grande route.

Garnison de Burgos.—Il y a dans le château de Burgos une garnison
de dépôt.*

Colonne du Général Bonnet.-Il y a encore à Burgos le general de divi

vision Bonnet, faisant partie du corps du Maréchal Bessières: ce général va avoir sous ses ordres une colonne mobile de 1,300 hommes, pour maintenir la tranquillité dans la ville et ses environs. Cette colonne est composée comme il suit :

[ocr errors]

600 hes.

4 batailion du 118, formant,

450

(Actuellement existant à Burgos.)

3e bataillon du dépôt général actuellement à Vittoria,

450

1,500 hes.

2 compagnies du 4e d'infanterie légère, formant un petit bataillon, 400 (En marche ayant passé la frontière.)

[blocks in formation]

*These two words are added in Napoleon's own handwriting.

De l'autre part,

Colonne d'Aranda.-Cette colonne, formée du 1er bataillon de marche,
fort de 1,000 hommes et de 4 pièces de canon, peut se réunir au besoin
avec la colonne du Général Bonnet: elles doivent assurer la communi-
cation jusqu'aux montagnes en avant d'Aranda, ci,

Colonne de Vittoria.-Le général de brigade Monthion, et le Colonel Bar-
rère, occupent Vittoria avec une colonne composée comme il suit :
2 compagnies du 15e de ligne, formant un petit bataillon de
Le 2° bataillon du 12° d'infanterie légère,

Le 2e bataillon du 2e id.

Ce qui fait en infanterie,

19,450 hes.

1,000 hs.

300

600

600

1,500

200

1,700 ci. 1,700 hes.

1,000

23,150

1 escadron de dragons (en marche),

2 pièces de canon.

(Tous ces corps sont en marche),

Garnison de Saint-Sébastien-Le Général Thouvenot commande à Saint

[blocks in formation]

Les détachements et troisièmes bataillons des corps qui sont aux divisions actives du Maréchal Bessières pourront sous quinze jours le rejoindre, vu qu'ils seront remplacés à Vittoria et à Burgos par d'autres corps.

2o. Aragon.

Jusqu'à cette heure les troupes qui sont en Aragon faisaient partie du corss des Pyrénées occidentales. Mais le corps des Pyrénées occidentales se portant sur la Galice, il devient indispensable d'en faire une division à part.

Aujourd'hui, ce commandement comprend Pampelune, la Navarre, et les troupes qui forment le siége de Saragosse, sous les ordres du Général Verdier. Ces troupes sont divisées en quatre brigades, et sont composées ainsi qu'il suit:

3 régiments d'infanterie de ligne de la Vistule, ayant sous les armes, Les 4, 6e et 7e bataillons de marche,

[blocks in formation]

La cavalerie consiste dans un régiment de lanciers polonais, 700
Plus un escadron de marche,
400
A Pampelune le Général Dagout commande. Indépendamment d'un
dépôt de 800 hommes,

formant la garnison de la citadelle, il a une colonne mobile composée
du 1er bataillon de marche du Portugal, du troisième bataillon du
118, fort de 650 hommes, et d'un escadron de dragons, ce qui forme
un total de 1,400 hommes disponibles pour se porter sur tous les points
de la Navarre, et sur les communications de Saragosse, pour y mettre
l'ordre, ci,

[blocks in formation]

Aussitôt que Saragosse sera pris, et que le corps de l'Aragon sera constitué, il sera nécessaire de faire entrer au corps du Maréchal Bessiéres le bataillon du 47°, celui du 15e, et les trois bataillons du 14e provisoire; ce qui augmentera le Maréchal Bessières de 2,000 hommes, afin de tenir les corps réunis. Il est possible qu'on fasse partir de Bayonne les 3,900 hommes de bonnes troupes de

[blocks in formation]

ligne, pour se diriger sur Saragosse et enlever la prise de cette place, si toutefois elle n'est pas encore prise.

Si Saragosse était pris, le corps du Maréchal Bessières pourrait être renforcé de ces 3,000 hommes d'élite et de 2,000 hommes du corps de Saragosse, ce qui lui ferait un corps nombreux pour la campagne de Galice.

Indépendamment de Saragosse, les rebelles occupent la ville de Jaca et plusieurs ponts dans les vallées. A tous les débouchés des vallées en France il y a un général de brigade avec une colonne mobile. On attendra la prise de Saragosse pour entrer dans ces vallées et y marcher dans les deux sens. En général l'esprit des vallées est bon: mais des troupes de contrebandiers que les chefs des rebelles ont enrégimentés les vexent.

3o. Catalogne.

Le Général Duhesme occupe Barcelone, qui est une place qui a deux trèsbelles forteresses qui la dominent. C'est la plus grande ville de la monarchie. Le Général Duhesme a deux divisions, la division Chabran et la division Lecchi, formant 11,000 hommes d'infanterie, 1,600 hommes de cavalerie et 18 pièces de canon.

Le Général Duhesme a eu plusieurs événements; il a brûlé un grand nombre de villages, et maintenu en respect le pays à quinze lieues à la ronde.

La ville de Girone n'ayant pas été occupée, les insurgés de la Catalogne ont établi là leur junte, d'où ils donnent le mouvement au reste de la province. Deux mille insurgés assiégeaient la fort de Figueras. On y avait heureusement laissé 300 Français: ils ont été obligés de tirer beaucoup de coups de canon et de brûler le village.

Le général de division Reille, avec deux bataillons toscans, a marché sur Figueras, l'a débloque, le 6 du mois, et y a fait entrer une grande quantité de vivres, dont on manquait. Le 10, il réunissait sa division, qui arrivait de divers points de la France; il avait déjà 6,000 hommes, et il doit avoir aujourd'hui 9,000 hommes; il doit s'assurer de Roses et marcher sur Gironne, établir ses communications avec le Général Duhesme et ensemble pacifier la Catalogne. Les forces réunies des Généraux Duhesme et Reille s'élèvent donc à 22,000 hommes.

Ainsi le corps des Pyrénées occidentales est fort de
Celui d'Aragon, de

Celui de Catalogne, de

'Total,

[ocr errors]

23,000 hes 13,000 22,000

68.000 hes

Nous venons de faire connaître la situation de l'armée dans les provinces de la Biscaie, de Santander, de la Castille, de la Navarre, de l'Aragon et de la Catalogne; c-est-à-dire, sur toute la frontière de France.

Voici actuellement la situation dans les autres points:

Les deux corps qui se sont rundus à Madrid sous les ordres du Général Dupont et du Maréchal Moncey portaient, et portent encore, le premier, le nom de corps d'observation de la Gironde, commandé par le Général Dupont; le second, le nom de corps d'observation des côtes de l'Océan, commandé par le Maréchal Moncey.

Le corps d'observation de la Gironde est composé de trois divisions: deux sont en Andalousie avec le Général Dupont; la 3o, celle dn Général Frère, doit être à présent à San-Clemente.

Le corps d'observation des cotes de l'Océan est composé également de trois divisions. La première est avec le Maréchal Moncey, sous Valence: les deux autres sont à Madrid, et disséminées en différentes colonnes, pour maintenir la communication avec le Général Dupont. Les états de situation vous feront connaître la force de ces divisions: mais on peut en général les considérer les unes dans les autres comme fortes de 6,000 hommes présents sous les armes. Il y a à Madrid, deux bataillons de la garde, formant 1,000 hommes, et à peu près 900 hommes de cavalerie de la garde.

Ainsi il y a à Madrid, et du côté de Valence et de l'Andalousie, la valeur de 40,000 hommes d'infanterie, 8,000 hommes de cavalerie et 80 pièces de canon attelées.

Le Général Junot a en Portugal trois divisions, formant présents sous les armes, compris son artillerie, sa cavalerie, 23,000 homines.*

Telle est la situation de l'armée en Espagne et en Portugal.

1re Observation.-Les événements qui se passent aujourd'hui et demain amélioreront beaucoup la situation de toutes les affaires, en jetant dans la Galice le Général Cuesta, en lui ôtant ses communications avec l'Estramadure, Madrid et l'Andalousie, en assurant notre communication avec le Portugal, et en assurant la soumission des provinces de Salamanque, Zamora, Toro, etc.

La manière dont ces événements auront lieu décideront à entrer sur-le-champ en Galice, à soumettre les Asturies, ou à différer encore de quelques jours.

2 Observation.-La Navarre et la Biscaie se sont maintenues tranquilles. En Aragon le plat pays a été soumis, les rebelles ont été battus plusieurs fois; avec deux seuls bataillons, 8 à 10,000 insurgés ont été détruits ou dispersés; le découragement est au dernier point parmi eux. Ils se sont défendus dans leurs maisons à Saragosse; on les a bombardés; on leur a fait beaucoup de mal; on achève aujourd'hui de bloquer la ville en jetant un pont sur l'Ebre. Une fois cette ville soumise, il n'y a pas de doute que tout l'Aragon ne devienne tranquille. Une partie des troupes sera cependant nécessaire pour maintenir la province; une petite partie pourra aider à la soumission de la Catalogne. La partie qui est nécessaire pour le bien du service du Maréchal Bessiéres ira le rejoindre. Ainsi cet événement équivaudra à un secours considérable.

3 Observation.-La première opération du Général Reille a débloqué Figuéras: il soumet à présent tous les environs. Il ne tardera pas sans doute à s'emparer de Gironne et à établir sa communication par terre avec le Géneral Duhesme. La réduction de Gironne entamera probablement celle de Lérida; on pourra avoir alors une colonne de deux ou trois mille hommes, qu'on dirigera par Tortose sur Valence.

4e Observation.-On n'a point de nouvelles de l'expédition de Valence, et le Maréchal Moncey a 8,000 hommes. Avec ces forces il n'a rien à craindre. Il peut ne pas prendre la ville, qui est trés-grande, si les paysans s'y sont renfermés et ne craignent point de la ruiner: mais le Maréchal Moncey se maintiendra dans le plat pays, occupera les révoltés, qu'il empêchera de se porter ailleurs, et fera porter au pays tout le poids de la guerre.

5 Observation.-On compte que le Général Dupont a aujourd'hui près de 20,000 hommes. Si les opérations du Maréchal Bessières réussissent bien, il n'y aura pas d'inconvénient à appuyer encore le Général Dupont et à lui permettre de reprendre l'offensive. Ainsi les deux points importants, et où on fera une véritable guerre réglée, sont la Galice et l'Andalousie, parce que les troupes du camp de Saint-Roch, de Cadix, des Algarves, sont prés de 25,000 hommes, qu'elles ont pris parti pour la sédition de Séville en Andalousie, et que tout ce qui était à Oporto a pris parti pour les rebelles de Galice.

Le point le plus important de tous est celui du Maréchal Bessières, comme on l'a déjà vu dans la note qu'on a envoyée. On doit tout faire pour que ce corps n'éprouve aucun mouvement rétrograde, aucun échec; celui du Général Dupont vient après.

Les affaires de Saragosse sont au troisième ordre; celles de Valence ne sont qu'au quatrième.

Voilà la véritable situation des affaires militaires du royaume.

Il paraît convenable de former dans l'Aragon une division de 10 à 12 mille hommes que pourra commander le Général Verdier. Il devra correspondre directement avec l'état-major du roi, avec le Maréchal Bessières (pour s'entendre,) avec le Général Duhesme pour se concerter et avec le général de la 11 division militaire, qui se tiendra à Bayonne, afin de connaître toujours la situation de cette frontière. Son commandement doit embrasser la Navarre et tout l'Aragon.

*Note by the author.-This calculation was made under the supposition that General Avril had joined Dupont.

« AnteriorContinuar »