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de plusieurs arts, et sciences. Les quelles choses, selon la sentence de Ciceron, valent mieux que le plus riche patrimoine. Par quoi je ne sauroi assés louer la prudence du roy et de la royne, qu'ils veullent que notre jeune age soit imbut et de bonnes meurs et de lettres, suivant l'opinion de plusieurs sages, qui n'ont tant estimé bien n'aistre, (sic, for naistre), que bien estre institué. Dont, mes seurs, de notre costé, faisons nostre devoir. A Compienne. 7. jour d'Aoust.

XII.

POUR ce que la vraie amitié, de la quelle je vous aime plus que moi-mesme, me commande que tout le bien qu'aurai jamais sera commun entre nous, ma seur, je vous vueil bien faire participante d'une belle similitude que je leu hier en Plutarque. Tout ainsi, dit-il, que qui empoisonne une fontaine publique, de laquelle chacun boit, n'est digne d'un seul supplice: ainsi est très malheureus et mechant qui gaste l'esprit d'un prince, et qui ne lui corrige ses mauvaises opinions, qui redonderont a la perte de tant de peuple. Par quoi, ma seur, il nous faut ouir et obeir a ceux qui nous remontrent. De Compienne. 8. d'Aoust.

atque scientia.

Quæ res (ut sententia Ciceronis testatur) est melior omni patrimonio. Unde non possum satis laudare prudentiam regis reginæque nostræ, qui volunt hanc nostram rudem ætatem imbui bonis moribus et literis sequuti opinionem plurimorum hominum sapientum, qui præclarius duxerunt bene institui quam bene nasci. Quare quantum ad nos attinet, fungamur nostro officio. Valete.

XII.

M. SC. R. EL. SORORI S. D. P.

QUUM vera amicitia qua te ante me amo, soror, imperet mihi ut omne bonum quod unquam habebo sit inter nos commune, volo te facere participem pulcherrima similitudinis quam heri legebam apud Plutarchum. Nam, inquit ille, quemadmodum qui inficit veneno fontem publicum, de quo omnes bibunt, non est dignus solo supplicio, ita ille est infelicissimus et nocentissimus. qui inficit animum principis et qui non emendat malas opiniones quæ redundent in perniciem multorum. Quare, soror, oportet nos obedire iis qui nos corripiunt.

XIII.

C'EST pour vous inciter a lire Plutarque, ma mie, et

ma bonne seur,

mension de lui.

que si souvent en mes epitres je fai Car c'est un philosophe digne de la

leçon d'un prince. Mais oiés qu'il adioute au propos que je vous tenoi hier. Si, dit-il, celui qui gaste et contrefait la monnoie du prince est puni, combien est plus digne de supplice qui corrout l'entendement d'icelui? Car, ma seur, quels sont les princes en la Rep., disoit Platon, tels ont accoutumé d'estre les citoiains. Et pensoit les Rep. estre bien heureuses, qui etoient gouvernées par princes, et doctes, et sages. De Compienne, 9. d'Aoust.

XIV.

LA vraie grandeur et excellence du prince, ma très aimée seur, n'est en dignité, en or, en pourpre, en pierreries, et autres pompes de fortune: mais en prudence, en vertu, en sapience, et en scavoir. Et d'autant que le prince veut estre different a son peuple d'habit, et de façon de vivre, d'autant doit-il estre eloigné des folles opinions du vulgaire. Adieu, et m'aimés autant que vous pourrés. 10 d'Aoust.

XIII.

M. R. S. EL. SORORI S. P. D.

QUUM tam sæpe facio mentionem Plutarchi, amica summa mea et soror, in meis epistolis, hoc facio ut ad hunc legendum te incitem. Nam est philosophus dignus lectione principis. Sed audi quomodo perficit propositum quod heri scribebam ad te: Si is qui viciat monetam principis punitur, quantopere ille est dignior supplicio qui corrumpit ingenium ejus. Prófecto quales sunt principes in Rep. dicebat Plato, tales solent esse cives, et Resp. felicissimas putabat si à doctis et sapientibus principibus regerentur. Vale.

XIV.

M. SC. R. EL. SORORI S. P. D.

VERA principis majestas non est in amplitudine, in dignitate, auro, purpura, gemmis et aliis pompis fortunæ: sed in prudentia, sapientia et eruditione. Verum quantopere princeps vult abesse ab habitu et victu plebeio, tantopere ille debet etiam abesse à sordidis opinionibus et stul[ti]tiis vulgi. Vale et me ama quantum poteris.

C

XV.

POUR toujours, selon ma coutume, vous faire participante de mes bonnes leçons, je vous vueil bien dire comme j'apprenoi devant hier que le prince ne doit vanter les armes, et autres enseignes de noblesse qu'il a de ses parens: mais plus tost doit suivre et exprimer les vertus et bonnes meurs d'iceulx. Car, ma seur, la vraie noblesse c'est vertu. Et le second poinct que doit avoir le prince, c'est qui soit instruict de la connoissance des arts et sciences. Le tiers, et qui est le moindre, qui soit orne des paintures et armes de ses predecesseurs. Et de cettui nous sommes asses ornées. Efforceons-nous donc d'avoir le premier. Adieu. De Compienne. 13. d'Aoust.

XVI.

JE lisoi anjourdhui, ma seur, que Platon appelloit les princes gardes de la Rep. Et dit qu'il faut qu'ils soient a leurs païs ce que les chiens sont au troppeau. Et appelle le prince cruel et tyrant, lion. Sainct Paul parlant de Neron l'appelloit ainsi. Je suis, disoit-il, delivré de la bouche du lion. Le sage Salomon a

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