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Ce qui apporte aux autres la joie lui apporte la peine. « La douce saison qui fait sortir boutons et fleurs a vêtu de vert la colline et aussi la vallée.

vre.

-

--Le rossignol a des plumes nouvelles et chante. La tourterelle a dit sa chanson à sa compagne. L'été est venu, car chaque bourgeon à présent s'ouLe cerfa pendu sa vieille ramure aux pieux de l'enceinte. Le daim dans la bruyère laisse tomber sa fourrure d'hiver. Les poissons glissent avec des écailles nouvelles. Le serpent abandonne toute sa dépouille. L'agile hirondelle poursuit les petites mouches.-L'abeille affairée à présent comL'hiver est fini, qui était la mort pose son miel.

des fleurs;

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Et je vois que parmi toutes ces douces choses, chaque souci diminue; et pourtant ma peine revient 1. » N'importe, il aimera jusqu'au dernier souffle. « Si mon-faible corps manque ou défaille,

1.

The peasant and the post, that serves at all assays,

The ship-boy, and the galley-slave, have time to take their ease,
Save I alas! whom care, of force doth so constrain,

To wail the day, and wake the night, continually in pain,

From pensiveness to plaint, from plaint to bitter tears,

From tears to painful plaint again; and thus my life it wears.

The soote season that bud and bloom forth brings
With green hath clad the hill and eke the vale.
The nightingale with feathers new she sings
te The turtle to her make hath told her tale.

Summer is come, for every spray now springs
The hart has hung his old head on the pale.
The buck in brake his winter coal he slings;
The fishe flete with new repaired scale
The adder all her slough away she flings,
The swift swallow persueth the flies smalle,
The busy bee her honey now she mings.
Winter is worn that was the flower's bale.
And thus I see among these pleasent things,
Each care decays, and yet my sorrow springs!

- ma volonté est qu'elle garde toujours mon cœur.

1

Et quand ce corps sera rendu à la terre, je lui lègue mon ombre lassée pour la servir encore '.... » Amour infini et pur comme celui de Pétrarque; elle en est digne; au milieu de tous ces vers étudiés ou imités, un admirable portrait se détache, le plus simple et le plus vrai qu'on puisse imaginer, œuvre du cœur cette fois et non de la mémoire, qui, à travers la madone chevaleresque, fait apparaître l'épouse anglaise, et par delà la galanterie féodale montre le bonheur domestique. Surrey seul, inquiet, entend en lui-même la voix ferme d'un bon ami, d'un conseiller sincère, l'Espoir qui lui parle avec assurance, lui jurant qu'elle est2 « la plus digne et la plus loyale, la plus douce et la plus soumise de cœur qu'un homme puisse trouver sur la terre. >> Si l'amour et la foi étaient partis, on pourrait les

1.

2.

Yet rather die a thousand times than once to false my faith;
And if my feeble corpse, through weight of woful smart,

Do fail or faint, my will it is that still she keep my heart.

And when this carcass here to earth shall be refar'd,

I do bequeath my wearied ghost to serve her afterward.

I assure thee, even by oath,

And thereon take my hand and troth,
That the is one the worthiest,

The truest and the faithfullest,
The gentlest and meekest of mind,
That here on earth a man may find;
And if that love and truth were gone,
In her it might be found alone.
For in her mind no thought there is,
But how she may be true, I wis;
And tenders thee and all thy heal,
And wisheth both thy health and weal;
And loves thee even as far-forth than

As any woman may a man;

And is thy own and so she says;

retrouver en elle. Son cœur n'a d'autre idée que de t'être fidèle; elle ne s'occupe que de toi et de ton bien. «Elle souhaite ta santé et ton bonheur, et t'aime autant et aussi fort qu'une femme peut aimer un homme; elle est à toi et le dit, et prend souci de toi en dix mille façons. Tu es là quand elle parle, quand elle mange, quand elle pleure, quand elle soupire. Le soir elle te dit: Adieu, mon bien-aimé; quoique, Dieu le sait, tu sois bien loin d'elle, elle te répète mainte et mainte fois bonsoir. » — « Elle te nomme souvent son cher bien-aimé

tion, son bonheur, toute sa joie

sa consolaet conte à son

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To thee she says full oft : « Good night. »>
And names thee oft her own most dear,
Her comfort, weal, and all her cheer;
And tells her pillow all the tale

How thou hast done her woe and bale;
And how she longs and plains for thee,
And says: Why art thou so from me?
Am I not she that loves thee best?

Do I not wish thine ease and rest?
Seek I not how I may thee please?
Why art thou then so from thy ease?
If I be she for whom thou carest,
For whom in torments so thou farest,
Alas! thou knowest to find me here,
Where I remain thine own most dear,
Thine own most true, thine own most just,
Thine own that loves thee still and must;

Thine own that cares alone for thee,
As thou, I think, dost care for me;
And even the woman, she alone,
That is full bent to be thine own.

oreiller toute son histoire : comment tu as fait sa

peine et son chagrin, - combien elle soupire après toi, comme il lui tarde de te voir. Elle dit: Pourquoi es-tu ainsi loin de moi? celle qui t'aime le mieux? ton aise et ton repos? comme je puis te plaire? aussi loin de ton bien?

t'intéresses,

Ne suis-je pas Ne souhaitai-je pas Ne cherché-je point Pourquoi t'en vas-tu

Si je suis celle à qui tu pour qui tu vis ainsi dans le tour

ment; - hélas! tu sais que tu me trouveras ici, ici où je suis toujours ta chère bien-aimée, plus dévouée, ta plus fidèle,

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ta

celle qui t'aime tou

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celle

jours et ne pourra jamais s'en empêcher, qui est à toi et ne songe qu'à toi, comme toi aussi, je pense, tu songes à elle, - à celle qui entre toutes les femmes ne respire que pour être toute à toi. » Certainement c'est à sa femme' qu'il pense en ce moment, non à quelque Laure imaginaire; le rêve poétique de Pétrarque est devenu la peinture exacte de la profonde et parfaite affection conjugale, telle qu'elle subsiste encore en Angleterre, telle que tous les poëtes, depuis l'auteur de la Nut Brown Maid jusqu'à Dickens, n'ont jamais manqué de la repré

senter.

1. Dans une autre pièce, Complaint on the absence of her lover being upon the sea, il parle en propres termes presque aussi tendrement de sa femme.

2. Greene, Beaumont et Flechter, Webster, Shakspeare, Ford, Otway, Richardson, de Foë, Fielding, Byron, Dickens, Thacke ray, etc.

III

Un Pétrarque anglais : ce mot sur Surrey est le plus juste, d'autant plus juste qu'il exprime son talent aussi bien que son âme. En effet, comme Pétrarque le plus ancien des humanistes et le premier des écrivains parfaits, c'est un style nouveau que Surrey apporte, le style viril, indice d'une grande transformation de l'esprit; car cette façon d'écrire est l'effet d'une réflexion supérieure, qui, dominant l'impulsion primitive, calcule et choisit en vue d'un but. A ce moment, l'esprit est devenu capable de se juger, et il se juge. Il reprend son œuvre spontanée, tout enfantine et décousue, à la fois incomplète et surabondante; il la fortifie et la lie; il l'émonde et l'achève; il y démêle son idée maîtresse, pour l'en dégager et la mettre au jour. Ainsi fait Surrey, et son éducation l'y a préparé; car avec Pétrarque il a étudié Virgile et traduit presque vers pour vers deux livres de l'Énéide. En pareille compagnie, on est contraint de trier ses idées et de serrer ses phrases. A leur exemple, il mesure les moyens de frapper l'attention, d'aider l'intelligence, d'éviter la fatigue et l'ennui. Il prévoit la dernière ligne en écrivant la première. Il garde pour dernier trait le mot le plus. fort, et marque la symétrie des idées par la symétrie des phrases. Tantôt il guide l'esprit par une série d'oppositions continues jusqu'à l'image finale, sorte

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