Brown, dans cet essai, me paraît injuste quand il dit de Dryden: His genius rise a monument of shame!* Il rend, et cela est louable dans un anglais, plus de justice à Boileau : More happy France : immortal Boileau there, Him, with her love, propitious satire blest; purest fire. On peut l'excuser de mettre un peu d'exagération dans l'éloge de Pope, dont il pleurait la mort : But see, at length, the british genius smile; * Son génie s'élève pour être un monument de honte! ** Plus heureuse la France : là l'immortel Boileau et souffle dans son sein ses célestes accens. L'imagination et le sens conspirent à former son vers, et un jugement infaillible guide le feu le plus pur. ***Mais voyez, enfin, le génie anglais sourire, And show'r her bounties o'er her favour'd isle : BROWN, essay on satire, part. 3. Puisque je fais une poétique, je dois citer encore du même ouvrage ces vers qui définissent la satire : Hence satire's pow'r 'tis her corrective part *et répandre ses bienfaits sur son île favorisée : voyez, pour Pope, il tresse la couronne de laurier, et concentre dans un seul le talent de chaque poëte ; la force de chacun des trois satiriques romains orne ses pages variées ; le sourire gai, la force concentrée, et la mâle fureur, ect. ** Delà le pouvoir de la satire : c'est à son art correctif à calmer les désordres insensés du cœur. Elle montre la hauteur escarpée où réside la gloire, et apprend à la folle ambition à être sage. In the dark bosom wakes the fair desire, Draws good from ill, a brighter flame from fire; Strips black oppression of her gay disguise And bids the hag in native horror rise; Strikes tow'ring pride and lawless rapine dead, And plants the wreath on virtue's awful head.*. BROWN, essay on satire, part. I. *Dans un sein obscur elle éveille un beau desir; ; tire le bien du mal, et du feu une flamme plus brillante; dépouille la noire oppression de son brillant déguisement, et fait paraître le monstre dans son horreur naturelle. Elle frappe à mort l'orgueil impérieux et la rapine qui brave les lois, la couronne sur le front vénérable de la vertu. ÉPÎTRES MORALES. Awake, my St. John! leave all meaner things POPE, essay on man. LA raison voulut un jour parler le langage de la poésie: elle fit une épître. L'épitre est l'épanchement de la sagesse dans le sein de l'amitié. Les latins n'avaient que le mot epistola pour désigner l'épitre en vers et la simple lettre Réveille-toi, St. John, laisse toutes les choses inférieures à la basse ambition et à l'orgueil des rois. en prose. L'épître, en effet, n'est qu'une lettre versifiée. Elle doit respirer ce doux abandon, cette aimable familiarité d'un ami qui écrit à son ami. La langue française, par la douceur de ses expressions, la méthode de ses constructions, la clarté de ses phrases, semble être plus propre que l'anglaise à ce genre d'ouvrage; aussi Boileau, auteur sage et froid, a mieux réussi encore dans l'épître que dans la satire. Il est peu de poëtes anglais qui ne se soient exercés dans l'épître morale. L'énumération en serait trop longue; il suffit de parcourir ceux qui s'y sont le plus distingués. Ici encore, et la nature de son talent doit le faire pressentir, ici la palme est due à Pope. J'ai parlé de l'essai sur l'homme, qui n'est qu'une réunion de quatre épîtres. Dans celle sur les femmes, il a la grâce, la délicatesse, la finesse de son |