Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XVIII.

SOCRATES disoit qu'il i avoit deus voies par lesquelles les espris sortent du corps. Car ceus qui se sont gardés chastes et entiers, et qui aus corps humains ont ensuivi la vie des Dieus, ils retornent facilement a eus. Et ceus qui se sont du tout souillés de vices, ont un chemin detorné du conseil, et de la presence des Dieus. Mais les espris de ceus qui se sont quasi fais serviteurs des voluptés, et non toutesfois du tout, sont long temps a errer par la terre avant que de retorner au ciel. Tu vois donc que Socrates, Platon, et plusieurs autres philosophes ethniques, ont eu cognoissance du purgatoire que toi, doué de la loi de grace, miserablement et a ta perte tu nies. Jesuchrist le fils de Dieu te vueille rapeller, Calvin. De Compienne. 18. d'Aoust.

XIX.

Vous ebahisses, ma seur, pour quoi je sorti hier de la chambre de la Royne, veu qu'il estoit dimenche, pour aller en mon estude. Croies que depuis deux jours je li un colloque d'Erasme qu'il appelle Diluculum, tant beau, tant joieus, et tant utile que rien plus. He

XVIII.

M. SC. R. CALVINO S. D. P.

SOCRATES dicebat duplices esse vias quibus animi exeunt e corpore. Nam illi qui se seruarunt castos et integros et qui in corporibus humanis imitati sunt vitam deorum redeunt facile ad eos. Illi vero qui se totos contaminarunt vitiis habent viam seclusam a consilio et præsentia deorum. Sed eorum animi qui se præbuerunt quasi ministros voluptatum, et non tamen omnino, diu errant circa terram antequam redeant in cœlum. Tu vides ergo quod Socrates et Plato et plures alij philosophi ethnici habent notitiam purgatorii, quod tu misere et tuo damno negas, cum sis dotatus lege gratiæ. Christus filius Dei te auocet, Calvine, interim cura ut recte et pie sapias.

XIX.

MA. R. SC. EL. SORORI S. P. D.

MIRARI, soror, cur egressa sum heri cubiculo Reginæ, quum esset dominicus dies, ut discederem in musæolum meum. Crede mihi, lego abhinc duobus diebus dialogum Erasmi, quem Diluculum appellat, certe adeo pulcherrimum, adeo lætum, et utilem ut nihil supra.

Dieu, comme il tanse ceux qui dorment si tard, et font si peu de cas de perdre le temps, qui entre toute chose est la plus precieuse. Davantage le latin i est si facile, et si elegant, qui n'est possible d'estre plus poli. Je le vous expliquerai aujourdhui si j'ai loisir. Adieu. Ce 20. d'Aoust.

XX.

PLUTARQUE dit que la colere et la mauvaitié est plus dangereuse en un prince qu'en une personne privee: d'autant que le prince a puissance de beaucoup offencer et l'autre non. Et pour ce a bon droict requiert il doctrine et prudence en un prince. Car comme disoit Bias, l'un des sept sages de Grece, l'œuvre du sage est (combien qui soit offencé) de ne nuire a personne, encores qu'il en ait la puissance. En quoi il ensuit la bonte de Dieu, lequel ne fait rien si souvent ni si volontiers que de pardonner. A Compienne, 23. d'Aoust.

Proh Juppiter, ut animadvertit in eos qui dormiunt in tantam lucem, non curantes perdere tempus quod in re præciosissima præciosissimum est. Præterea sermo latinus adeo purus, et elegans est, ut politior esse non possit. Explicabo tibi hodie si licuerit per otium. Vale. 20. Aug.

XX.

M. SC. R. EL. SORORI S. P. D.

PLUTARCUS dicit iram et malitiam esse in principe periculosiorem, quam in priuatis. Nam princeps potest plurimum offendere, alter vero minime. Quapropter requirit doctrinam et prudentiam in principe. Nam quomodo dicebat Bias, unus septem sapientum Græciæ, opus sapientis est (quamuis offensus sit) nocere nemini etiam si possit. Qua in re sequitur bonitatem Dei qui nihil sæpius facit, nec libentius quam parcere.

Bene vale.

XXI.

JE croi, ma seur, le dict de Magdalia, que lisions hier en Erasme, estre très veritable, a scavoir, nul ne pouvoit vivre suavement, si ne vit bien. Aussi mettoit Bias le souverain bien en la vertu de l'esprit, et la plus g[r]ande misere en vice et en la malice des hommes. Car, comme dit Cicero au livre de viellesse, la souvenance de plusieurs beaus actes est très plaisante; et au contraire, comme tesmoigne le sage en ses proverbes, crainte est touiours avec ceus qui font mal. Et Plaute dit que rien n'est si miserable que l'esprit qui se sent coulpable de quelque mal faict. Pour ce, ma seur, sur toute chose estudions a Vertu. 24. d'Aoust.

XXII.

QUAND hier au soir mon maitre vous prioit de reprendre votre seur, de quoi elle vouloit boire se voulant mettre au lict: vous lui repondistes que vous mesme voulies boire aussi. Voiés donc, ma seur, quelles nous devons estre qui sommes l'exemple du peuple. Et comme oserons-nous reprendre les autres, si nous mesme ne sommes sans faute? Il faut qu'un

« AnteriorContinuar »