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nous, di-ie, que cela advienne par fortune? Ne le croions point, mais apprenons, obeissons maintenant, afin de scavoir commander, quand serons venues en age. 29 Juillet.

X.

POUR quelques vertus, scavoir, ou autres graces que tu aies, ne t'en glorifie point, mais plus tost donnes en louange a Dieu qui seul est cause de ce bien. Ne te mocque de personne, mais pense que ce qui advient a un, il peut advenir a chacun. Et, comme ja je t'ai dit, ren graces a Dieu de quoi il t'a mis hors de tel povre sort, et prie que telle chose ne t'avienne, et aide a l'affligé si tu puis. Car si tu es misericordieus aus hommes, tu obtiendras misericorde de Dieu. Au quel je prie vouloir favoriser a toutes tes entreprinses. 1 jour d'Aoust.

XI.

Le meilleur heritage qui peut estre delaissé aux enfans des bons parens, c'est la voie de vertu, et la connoissance

ut sciamus imperare cum pervenerimus ad maiorem Bene valete. 3. Cal. Augusti.

ætatem.

X.

MA. SC. REGINA CLAUDIO QUARLOCOIO CONDISCIPULO S. P. D.

QUIBUSCUNQUE virtutibus, sapientia, eruditione, et aliis gratiis præditus sis, ne gloriare, sed potius da gloriam Deo qui solus caussa est tanti boni. Neminem irrideto irrideto (sic), sed puta quod evenit uni posse accidere omnibus. Et, ut jam dixi tibi, age gratias Deo omnipotenti quod te posuerit extra sortem tam miseram et precare ut talis res non tibi eveniat. Subveni afflicto si possis, nam si tu fueris misericors aliis, consequeris misericordiam adeo (sic, pro a Deo), quem deprecor ut faveat omnibus tuis cœptis. Vale.

XI.

M. SC. R. ELIZABETE ET CLAUDIE SORORIBUS S. P. D.

OPTIMA hereditas quæ potest relinqui liberis a bonis parentibus est via virtutis, cognitio plurium artium,

de plusieurs arts, et sciences. Les quelles choses, selon la sentence de Ciceron, valent mieux que le plus riche patrimoine. Par quoi je ne sauroi assés louer la prudence du roy et de la royne, qu'ils veullent que notre jeune age soit imbut et de bonnes meurs et de lettres, suivant l'opinion de plusieurs sages, qui n'ont tant estimé bien n'aistre, (sic, for naistre), que bien estre institué. Dont, mes seurs, de notre costé, faisons nostre devoir. A Compienne. 7. jour d'Aoust.

XII.

POUR ce que la vraie amitié, de la quelle je vous aime plus que moi-mesme, me commande que tout le bien qu'aurai jamais sera commun entre nous, ma seur, je vous vueil bien faire participante d'une belle similitude que je leu hier en Plutarque. Tout ainsi, dit-il, que qui empoisonne une fontaine publique, de laquelle chacun boit, n'est digne d'un seul supplice: ainsi est très malheureus et mechant qui gaste l'esprit d'un prince, et qui ne lui corrige ses mauvaises opinions, qui redonderont a la perte de tant de peuple. Par quoi, ma seur, il nous faut ouir et obeir a ceux qui nous remontrent. De Compienne. 8. d'Aoust.

atque scientia.

Quæ res (ut sententia Ciceronis testatur) est melior omni patrimonio. Unde non possum satis laudare prudentiam regis reginæque nostræ, qui volunt hanc nostram rudem ætatem imbui bonis mori

:

bus et literis sequuti opinionem plurimorum hominum sapientum, qui præclarius duxerunt bene institui quam bene nasci. Quare quantum ad nos attinet, fungamur nostro officio. Valete.

XII.

M. SC. R. EL. SORORI S. D. P.

QUUM vera amicitia qua te ante me amo, soror, imperet mihi ut omne bonum quod unquam habebo sit inter nos commune, volo te facere participem pulcherrimæ similitudinis quam heri legebam apud Plutarchum. Nam, inquit ille, quemadmodum qui inficit veneno fontem publicum, de quo omnes bibunt, non est dignus solo supplicio, ita ille est infelicissimus et nocentissimus qui inficit animum principis et qui non emendat malas opiniones quæ redundent in perniciem multorum. Quare, soror, oportet nos obedire iis qui nos corripiunt.

XIII.

C'EST pour vous inciter a lire Plutarque, ma mie, et ma bonne seur, que si souvent en mes epitres je fai mension de lui. Car c'est un philosophe digne de la leçon d'un prince. Mais oiés qu'il adioute au propos que je vous tenoi hier. Si, dit-il, celui qui gaste et contrefait la monnoie du plus digne de supplice qui corrout l'entendement d'icelui ? Car, ma seur, quels sont les princes en la Rep., disoit Platon, tels ont accoutumé d'estre les citoiains. Et pensoit les Rep. estre bien heureuses, qui etoient gouvernées par princes, et doctes, et sages. De Compienne, 9. d'Aoust.

prince est puni, combien est

XIV.

LA vraie grandeur et excellence du prince, ma très aimée seur, n'est en dignité, en or, en pourpre, en pierreries, et autres pompes de fortune: mais en prudence, en vertu, en sapience, et en scavoir. Et d'autant que le prince veut estre different a son peuple d'habit, et de façon de vivre, d'autant doit-il estre eloigné des folles opinions du vulgaire. Adieu, et m'aimés autant que vous pourrés. 10 d'Aoust.

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